Le streaming du jour #1982 : Monolog - ’Indemnity and Oblivion’
A la fois plus atmosphérique et plus martial encore que ses sorties de l’an passé en solo comme au sein des impressionnants Diasiva, Indemnity and Oblivion voit le Danois Mads Lindgren, adepte d’une électro-noise mutante et véhémente, flirter avec d’autres musiques extrêmes au contact du Suédois Mathias Lodmalm, vocaliste metal de feu Cemetary et DJ à ses heures, et de l’Anglais Dean Rodell, artilleur d’une drum’n’bass épileptique et ténébreuse sous la bannière de son "super-label" Subdivision (maison-mère notamment des sous-labels Subtrakt et Subsistenz sur lesquels Monolog traîne régulièrement ses beats).
Un besoin d’exorciser la culpabilité d’être toujours en vie après le décès de plusieurs de ses proches a clairement inspiré cet album cathartique, successeur chez Hymen du sommet Conveyor. Faisant référence à l’Indemnity and Oblivion Act par lequel le parlement britannique pardonna certains crimes de la première révolution anglaise à la restauration de la monarchie en 1660, ce nouvel opus navigue ainsi entre accès de violence chaotiques (le breakcore fuligineux et carnassier de Edge Hill, Tenacy, et Serenity avec Dean Roddell donc) et passages plus introspectifs mais tout aussi plombés où la mélancolie d’une guitare électrique côtoie les fantasmagories digitales d’un dark ambient pour machines aliénées (du menaçant Skeletons Are Watching Me tout en renflements saturés au final Manta hanté par un fouillis de messages radio déformés).
Les riffs metal du morceau d’ouverture Agenda - composé comme Skeletons Are Watching Me pour les danseuses contemporaines Thaïs Lebas et Deborah Darritchon comme il nous l’annonçait ici - aux beats dubstep hardcore phagocytés par des radiations numériques ouvrent la voie pour l’un des morceaux les plus atypiques d’un Lindgren au background metal méconnu, l’apocalyptique True North avec Lodmalm aux beuglantes névrotiques. Enfin, du rampant Sprawls à l’insidieux Esedra, les dystopies du Danois se nourrissent désormais de friches industrielles, influence qui culmine sur un morceau-titre sinistre et corrosif à souhait.
Il nous l’avait bien dit dans son Entretien à Twin Peaks de l’an dernier, "le Mal ne dort jamais" et l’auto-dépréciation est une intarissable source de chefs-d’œuvre viciés pour qui aime arpenter les versants les plus ombrageux et accidentés des musiques électroniques.
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