Le streaming du jour #1704 : Robin Foster - ’Electronic Postcards From The Dark Side’
Robin Foster est de ces artistes prolifiques qui peuvent se permettre de lâcher sans préavis un disque composé de prétendues faces B qui forment pourtant un ensemble de haute volée.
Après deux volets de ses Postcards From The Dark Side encensées dans nos colonnes, particulièrement la deuxième mouture sortie l’an passé, Robin Foster récidive avec Electronic Postcards From The Dark Side.
Savourons notre plaisir. Cet album aurait pu ne jamais sortir puisque, une semaine avant sa sortie, Robin Foster a perdu la moitié des compositions lors d’un problème informatique. Le fait de partager ce disque offre finalement la sauvegarde la plus sûre.
En dépit du nom de cet opus, le Breton d’adoption ne donne pas dans de de franches circonvolutions électroniques. C’est d’ailleurs très bien ainsi tant il semble encore avoir des choses à dire avec ses variations oscillant entre post-rock et ambient. L’artiste boucle ainsi un cru 2017 particulièrement fructueux puisque, en plus de l’excellent Empyrean, il avait réalisé la brillante bande originale de Ghost.
Sans rompre avec ses schémas précédents, Robin Foster surprend son auditoire avec un Montana initial auquel les boucles mâtinées de réverbération confèrent une dimension glaciale lorgnant sur la coldwave. Tout en restant fidèle à son esthétique habituelle, le Britannique nous transporte alors vers des horizons dont il est moins familier.
Un simple trompe-l’œil puisque Infinite renoue avec une progression dont il est plus coutumier. Ainsi, à une première partie envoûtante répond une relative explosion qui prend ses racines à la moitié du titre, les arpèges de guitare électrique apportant une dimension aussi hypnotique que mélancolique.
Electronic Postcards From The Dark Side se poursuit avec la construction scintillante en escaliers de Toerag et les saturations atmosphériques de Bueller, tandis que les rythmiques tranchantes de Wiesbaden se noient dans des synthés luminescents. Le post-rock vaporeux de Goulien s’acoquine ensuite avec le shoegaze tandis qu’un Piranhas plus oppressant se rapproche d’un post-trip hop labyrinthique.
Les boucles froides et austères à tendance new-wave d’un Salford qui s’achève même avec des bribes d’electronica constituent l’un des sommets de synthétisme de ce disque tandis que Hearts Of Darkness, malgré des percussions plus avenantes qu’à l’accoutumée, s’appuie sur des boucles de guitare portant le sceau de l’artiste. Prolongement de ce titre, Escape From Newark conclut cette odyssée dans un déluge d’effets.
Noyant ses préoccupations électriques usuelles sous quelques apparats électroniques - essentiellement en seconde partie de disque - Robin Foster s’offre une récréation bien plus sérieuse et stimulante que ce que la couverture (le double sens de ce terme est assumé, la phrase fonctionnant aussi bien si on l’interprète sous son versant graphique ou commercial) de Electronic Postcards From The Dark Side pouvait faire craindre. Plus ouvert sur le monde mais toujours aussi mélancolique, Robin Foster n’a décidément pas son pareil pour envoûter l’auditeur avec son post-rock s’appuyant sur des constructions à paliers.
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