Velkomin til Ísland #3 - Án
En marge des Coachella, Glastonbury et autre Route du Rock qui rythment les étés des globe-trotteurs mélomanes, un autre festival - plus au nord - s’inscrit chaque automne dans l’agenda des curieux : les Iceland Airwaves. Loin des étendues champêtres, auxquelles le climat islandais est peu propice en cette saison, le festival, qui a vu le jour en 1999 dans un hangar de l’aéroport de Reykjavík, ne cesse de prendre de l’ampleur, et a finalement envahi le quartier 101 qui se transforme pendant 5 jours en une fête de la musique géante, la qualité garantie en prime. Avec une programmation éclectique, mêlant artistes locaux et étrangers, Arab Strap, Fleet Foxes ou encore Mumford & Sons - pour ne citer qu’eux - sont annoncés cette année. A l’approche des festivités, IRM se met à l’heure islandaise pour vous présenter des pépites à (re)découvrir, qu’elles soient programmées ou non.
Parmi les artistes islandais à suivre dans les années à venir, il y a un jeune prodige très prometteur pour les amateurs d’electronica : Án. A seulement 22 ans, Elvar Smári Júlíusson de son vrai nom, a déjà tout d’un grand et Möller Records, label bien implanté en Islande, ne s’est probablement pas trompé en le signant pour la sortie de son premier EP en janvier 2017.
Ljóstillífun, accessoirement projet d’étude, jongle habilement avec les diverses nuances de l’électro six titres durant, ne laissant ainsi pas à l’auditeur le risque de s’ennuyer. Les boucles s’enchaînent mais ne se ressemblent pas, se mêlant à des mélodies néo-classiques qui ne seraient pas sans rappeler son illustre aîné Ólafur Arnalds.
C’est d’ailleurs ici qu’on trouve le talent principal de l’Islandais : il a cette capacité, derrière les répétitions chill-out du premier plan, à créer une ambiance passionnante qu’elle soit feutrée (Ljóstillífun), mélancolique (Þekja) voire, au contraire, presque festive (Kontrast), pour proposer au final un ensemble tout à fait harmonieux.
Bien que légèrement en retrait, la rythmique n’est pas en reste. Les boîtes à rythmes apparaissent régulièrement en cours de morceaux, lui donnant ainsi un certain relief, et laissent généralement les synthés donner la cadence.
Án crée donc ici une musique contemplative et minimaliste, faisant preuve d’une maturité suffisante pour ne pas se disperser et s’éloignant radicalement de ses influences initiales qu’étaient le post-rock et le jazz. Ljóstillífun se révèle être un conte apaisant et enchanteur où les machines utilisées deviennent organiques. Et si chaque titre pourrait se suffire à lui-même, le disque semble prendre un tout autre sens grâce à sa construction et ses enchaînements subtils.
Bien sûr, après seulement un EP, il est encore tôt pour présager de l’avenir du jeune homme, mais force est de constater qu’aujourd’hui, ses prédispositions à être un futur grand sont indéniables.
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