Le streaming du jour #1613 : Jefre Cantu-Ledesma - ’On The Echoing Green’
Est-ce suivre la mode que de relayer de nombreuses sorties évoluant dans le registre shoegaze ? La question se pose tant l’influence de ce courant a diminué à la croisée des siècles avant de connaître un nouvel âge d’or ces dernières années.
Slowdive et Ride se disputent le prix de la reformation la plus aboutie - les premiers nommés tenant quand même la pole position - tandis que My Bloody Valentine s’y était essayé avec moins de brio quelques années auparavant. D’accord, mais quid des petits nouveaux ? Sont-ils, comme nous autres suiveurs de l’actualité musicale, soucieux de réhabiliter un son qui a extrêmement bien vieilli ou agissent-ils par opportunisme ?
A l’écoute de On The Echoing Green, la question ne se pose pas. Clairement, si Jefre Cantu-Ledesma avait voulu attirer un public plus large, il n’aurait pas emprunté cette direction. Relativement accessible, le successeur de A Year With 13 Moons n’en est pas moins flegmatique et ambitieux, si bien qu’il ne pourra ravir qu’un public coutumier de ces distorsions.
L’odyssée de dix minutes A Song Of Summer qui semble décoller et redécoller en permanence au fil des boucles, le downtempo d’un Dancers At The Spring aux vives réverbérations, mais surtout le sommet d’onirisme Tenderness appuyé par les murmures envoûtants de l’argentine Sobrenadar qui se lovent dans des nappes flottantes de synthétiseurs constituent des cas d’école de ce que peut être une chanson aboutie et fascinante issue du shoegaze.
Pour autant, les tourbillons de guitare et vagues mélodieuses peuvent laisser place à quelques passages ambient voire dronesques (Vulgar Latin ou Door To Night) qui constituent des transitions bienvenues pour faire évoluer la tonalité du disque. A la fois romantique, planant et lumineux, On The Echoing Green est pourtant tout sauf un disque naïf. Jefre Cantu-Ledesma a suffisamment roulé sa bosse - que ce soit en tant que fondateur du label Root Strata ou comme musicien de Tarentel - pour savoir que la causticité est l’arme permettant le plus facilement aux esprits les moins subtils de passer pour plus pertinents qu’ils ne le sont.
Le Californien est aussi brillant qu’inspiré, et il n’a donc pas besoin de plomber artificiellement son propos pour le rendre intelligible. Les neufs missives qu’ils partagent émanent d’un cœur chaud, elles représentent le mouvement et la vie, et leur aspect cinématographique permettrait à chacune d’avoir sa place dans un film de Gregg Araki.
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- youbet - Way To Be
- 2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)
- Novembre 2024 - les albums de la rédaction
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2024 à la loupe : 24 labels
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake