Enregistré entre le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et les Etats-Unis, Cairobi succède à l’EP Distant Fire et constitue le premier long-format du groupe portant le même nom. Sur ce disque, les Anglais se sont arrêtés sur le sentiment de déracinement ressenti par le leader Giorgio Poti en quittant la capitale britannique pour Berlin.

Sur Cairobi, cette instabilité et ce sentiment de n’être chez soi nulle part se font d’ailleurs ressentir de manière permanente. L’ensemble est résolument animé, comme si l’inertie était inenvisageable et que la reconnaissance d’autrui impliquait la nécessité d’une mise en mouvement de tous les instants.

Aussi, le quatuor n’est jamais immobile sur cet album porté par quelques évidents sommets tel que ce Systems of Mutual Doubt qui convoque le meilleur d’Animal Collective ou le psychédélisme d’un Lupo à la rythmique tranchante qui contraste avec l’exploration d’une face plus mélancolique.

Le reste n’en est pas moins intéressant et les compositions du combo anglais font en permanence hésiter entre leur aspect planant et un caractère groovy presque dansant. Sur ce véritable fourre-tout musical pourtant cohérent et hanté à l’image de Saint et sa boucle électrique imparable sur laquelle se greffe le chant mystique de Giorgio Poti, Cairobi s’inspire d’univers aussi variés que le krautrock, les musiques africaines traditionnelles (les percussions de Zoraide) et une folk latine, influences ouvertement assumées par le leader du quartet.

Les guitares sont déstructurées et les percussions jouent volontiers avec une relative arythmie jamais trop dissonante pour ne pas verser dans le n’importe quoi. Un formidable recueil plus équilibré qu’il n’y paraît, où le psychédélisme déjanté de Cairobi devient rapidement addictif et séduira probablement les amateurs d’autres défricheurs de contrées acidifiées tels que les Flaming Lips, GaBLé ou MGMT (From Some Other Planet’s Sky).