Malgré tous nos efforts pour couvrir au mieux l’actualité musicale qui nous fait vibrer, il n’est pas rare que nous manquions le coche. Et il faut bien reconnaître que la période estivale ne correspond pas toujours à celle où nous sommes sur le qui-vive.
Certains lecteurs le savent donc déjà depuis six mois, mais la nouvelle apparaît comme suffisamment fiable pour que nous puissions la relayer : un album de Sufjan Stevens datant de 1998 aurait fuité sur la toile en juillet dernier.
Intitulé Stalker, ce disque aurait - remarquez l’usage du conditionnel - été enregistré par Sufjan Stevens pour Asthmatic Kitty une année avant la création du label et deux avant la sortie de A Sun Came. Loin des sonorités plus dépouillées qu’il exploitera plus tard, notamment sur ses chefs-d’oeuvre Illinois et Carrie & Lowell, ou même de l’électronique d’un The Age of Adz, l’Américain exploite ici un versant plus électrique (Keep All The Mace Inside) qui le rapproche finalement des premiers Elliott Smith, renforçant donc la légitimité de la comparaison du parcours des deux artistes.
Ces quatorze morceaux sont aussi bruts et percutants que concis puisqu’ils ne s’étalent que sur seize minutes. Pour la petite histoire, un utilisateur de Reddit a partagé ce disque après en avoir retrouvé en 2014 un exemplaire au packaging "fait-maison" dans les poubelles de l’immeuble où il travaillait au sein de l’entreprise Dumbo, et où Sufjan Stevens possédait son studio d’enregistrement.
S’agissant de la crédibilité de la source, le fait que l’auteur de Michigan ait confié il y a quelques années avoir écrit des morceaux sur les ’stalkers’ (harceleurs) accrédite la thèse d’un enregistrement original, tout comme l’absence de démenti de l’artiste et le communiqué du label Asthmatic Kitty : "Comme beaucoup de grands musiciens, Sufjan a écrit énormément de musique. 99% de ses compositions n’ont pas été publiées pour diverses raisons. Parfois, il faut juste faire confiance aux choix des artistes".
Les plus curieux pourront se faire leur propre avis sur l’authenticité de cet enregistrement résolument lo-fi en l’écoutant ci-dessous.