Le streaming du jour #1387 : Loth - ’Loth’
Du black canal historique qui débarque de Metz. C’est le premier album de Loth, atmosphérique, massif, mélodique et très accaparant.
Un paysage organique - les arbres, leur cime, la neige qui les recouvre timidement - mais un rendu minéral. Les teintes convoquées s’étendent du noir au gris. La forêt se voile de nuances granitiques. Tout pour évoquer le froid. Planquées en haut à droite, élégamment stylisées, quatre lettres renvoyant à un personnage de la Genèse : Loth. Quelques éléments qui éclairent sur la teneur du disque qui se tient en-dessous. Black metal toute. Au tout début, une guitare acoustique et mélancolique se mêle à des nappes neurasthéniques, l’introduction tout en retenue lâche toutefois rapidement les chevaux et Nemesis Mundane plante alors le décor : atmosphérique et très mélodique, le black de Loth est un truc de puriste. Ramenant strictement aux 90s’ scandinaves, l’atmosphère particulièrement soignée est à l’image de la pochette, sombre et glaciale. C’est cru, agressif ce qu’il faut et plutôt sec à l’image d’une boîte à rythmes pelée qui blast-beate occasionnellement et d’un growl assez monochrome. Et puis surtout, ça enveloppe complètement et ça hérisse le poil parce que la musique pratiquée ici est avant tout éminemment personnelle. Old school certes, respectant, c’est vrai, les codes érigés par d’autres mais arc-boutée aussi sur ses obsessions : l’atmosphère monolithique, les mélodies gémellaires, les passages acoustiques qui cernent les morceaux, la sensibilité, le noir partout. Disque hommage sans doute mais surtout viscéral, ce premier album est vivant et ne renferme pas la moindre particule de naphtaline. Dès lors, très vite, on balance bien loin les réminiscences de Burzum, Bathory and co. (voire celles plus actuelles de Walknut ou Drudkh) et on se concentre sur l’écoute et ce qu’elle procure.
Il faut dire aussi que le disque arbore le vénérable logo de Specific Recordings et on sait bien alors que l’on doit s’attendre à quelque chose de très personnel. Le black de Loth ne fait pas entorse à la règle. Les quatre longs morceaux font naître une grosse couche de givre à la sortie des enceintes et montrent une mélancolie très communicative. Ils sont tous également intéressants mais la face B se montre particulièrement accaparante. In Resilience d’abord et sa distorsion brouillonne, sa mélodie à fleur de peau et son growl étranglé étirés sur dix minutes qui en paraissent deux fois moins tant son relief se révèle cabossé. Et puis In Resistance qui après une longue introduction acoustique pulvérise tout en maintenant pourtant intacte l’émotion qu’avait fait naître son début. Les nappes sombres et les riffs tout à la fois lourds et aériens écorchent autant qu’ils enveloppent. Une nuée de papillons s’égaie au creux du ventre et on remet alors l’éponyme immédiatement au début pour repartir en errance avec lui. Duo composé de Loth (à qui l’on doit l’ensemble de la musique) et de F.S. (qui s’occupe du texte) - acteurs bien connus pour qui suit un tant soit peu l’actualité de la maison messine - complété par le mastering parfait de Julien Louvet (crade mais aussi clair), Loth et son disque sont tout simplement imparables. Une catharsis aux éclats purs et taillés dans les règles de l’art, une catharsis que l’on fait immédiatement nôtre.
Loth montre ainsi nombre d’angles familiers qui, au final, lui confèrent toute sa singularité. La Norvège est loin, les 90s’ aussi mais avec ce disque, Loth flingue les degrés et relocalise Metz (et nous aussi) dans la péninsule scandinave à une époque où le black poussait ses premiers cris. Se faisant, il pare ce dernier d’une exaspération très contemporaine qui lui fait faire un bond en avant. Un voyage dans l’espace et le temps que l’on se prend à vivre souvent.
Prenant.
Pour l’instant uniquement disponible au format vinyle via Specific Recordings, la version CD sera toutefois disponible via Northern Silence Productions dès le 09 septembre pour celles et ceux qui n’ont pas (ou plus) la climatisation dans leur voiture.
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