Le streaming du jour #1369 : Belacide - ’J’ai Joué Dans Deux Films’
Installé depuis dix ans au Mans, celui qui officiait auparavant sous le pseudonyme de Monsieur Chou est un fidèle collaborateur de Lionel Fondeville mais n’avait jamais publié ses compositions lo-fi au-delà du réseau amical le plus intime. A l’ancienne, l’envoi d’une démo de cinq titres à une radio locale lui permettra, en 2014, de décrocher quelques dates de concert alors qu’il vient juste d’adopter le nom de Belacide. L’aventure pouvait alors débuter.
Deux ans plus tard, J’Ai Joué Dans Deux Films est dévoilé à la face d’un monde qui peut alors mesurer à quel point la voix de Bertrand Régis dégage la pudeur de ces hommes qui ne sont pas suffisamment tourmentés pour frôler l’instabilité psychologique, mais qui le regretteraient presque.
Quelle sentence tirée par les cheveux, se dira probablement le lecteur. Certes. Il n’empêche que la fascination pour les états-limites n’est jamais très loin, que ce soit dans les paroles des morceaux composant ce premier disque, les thèmes abordés (une chanson entière consacrée à Syd Barrett), voire même certains passages sonores (le début de capharnaüm à la fin de La Haine qui surprend l’auditeur en ce sens que l’artiste le clôt abruptement avant qu’il ne devienne plus tourmenté).
La folie incomplète serait donc un leitmotiv récurrent de cet opus ? Ce serait bien réducteur, comme le serait d’ailleurs la tentation - à laquelle nous ne saurons résister - de céder au name-dropping. Ajoutez donc une bonne louche du regretté LeCoq, auteur notamment du chef-d’œuvre D’Arradon, une autre de Tue-Loup accompagnées d’un soupçon de Miossec (Donne-Moi Tes Dents), des premiers Dominique A et une lichette de Michel Cloup pour avoir une idée - forcément vague - des territoires explorés ici par Belacide.
Délibérément inclassable, le Manceau apprécie les courtes introductions dont les arpèges rappellent régulièrement celles de Pinback, avant d’opter pour des pop songs faussement naïves mais résolument teintées par l’esthétique "do it yourself" dont les progressions en forme de montagnes russes sur les plans mélodique et rythmique offrent à l’auditeur un condensé d’effet de surprise et de mobilité permanente.
Difficile d’extraire quelques morceaux de cet ensemble particulièrement homogène au sein duquel on aurait bien du mal à repérer un point faible. Toutefois, la manière dont Belacide jongle avec les mots et pose sa voix sur Tes Pensées Circulaires ou Deux Films en font des pierres angulaires de la construction - forcément solide - de ce disque faussement évident, mais terriblement fourni, riche et efficace.
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