Le streaming du jour #1373 : Shotgun Jimmie - ’Field Of Trampolines’
Les apparences sont parfois trompeuses et, avec un pseudonyme tel que Shotgun Jimmie, l’auditeur averti s’imagine volontiers avoir affaire à un ersatz de Lemmy Kilmister dans le meilleur des cas ou, pour le pire, à un militant de la National Rifle Association.
Finalement, le choix de ce nom d’artiste relève davantage du concours de circonstances que de la volonté de défendre le lobby des armes. En 2003, Jim Kilpatrick rejoint Shotgun & Jaybird, formation à peine formée par Dick Morello, proche de Chad VanGaalen et au sein de laquelle on retrouve également l’excellente Julie Doiron.
De solides références, donc, mais en 2007, les Canadiens splittent, laissant malgré tout derrière eux la bagatelle de cinq LPs parmi lesquels Trying To Get Somewhere. Avant cela, dès 2004, Jim Kilpatrick s’était lancé dans un projet en solo mais, sans doute davantage inspiré par les cordes de sa guitare que par la recherche d’un patronyme original, il glissera dans celui-ci une référence à son groupe d’alors, sans oublier de l’affubler de son surnom. Shotgun Jimmie, donc.
Après le The 6000 True Stories of Love initial, Jim attendra la mise en sommeil de Shotgun & Jaybird pour se lancer plus activement dans ce projet individuel. Trois LPs et un EP paraissent ainsi entre 2007 et 2009, mais c’est avec Transistor Sister en 2011 et Everything Everything deux ans plus tard que ses publications vont prendre une autre dimension.
Diffusé trois ans après son prédécesseur, Field Of Trampolines était donc particulièrement attendu mais, avouons-le, suscitait également quelques craintes. Dans ce registre de rock immédiat et lo-fi, il n’est pas rare que le filon se tarisse après quelques albums. En ce sens, la relative trêve discographique que s’est imposée Jim Kilpatrick a été particulièrement bénéfique.
En multipliant les concerts durant cette période, le natif de l’Ontario a ainsi pu faire évoluer ses inspirations. Plus résolument optimiste que par le passé, Field Of Trampolines est considéré par son auteur comme "l’album estival typique". Capté en quatre jours seulement par le producteur Joel Paskett, l’opus s’appuie sur une formule typique où guitares, basse et batterie sont ponctuellement rejointes par un synthé (sur Georgia OK), un tambourin sur quelques pistes telles que la plus décalée Love Letter ou le piano sur la formidable Walkman Battery Bleed finale qui parvient à évoquer l’élégance et l’immédiateté de Dinosaur Jr.
Si la grande majorité de ces dix courts morceaux ne dépassant qu’exceptionnellement les deux minutes trente pourraient être de potentiels singles, certains parviennent malgré tout à crever - encore - davantage l’écran, à l’instar de Join The Band ou Project 9 qui évoquent le meilleur de Pavement ou Sebadoh tandis que Triple Letter Score ressuscitera les imparables mélodies déclinées par Weezer au mitan des années 90, une période qui influence ouvertement ce Field Of Trampolines que l’on s’imagine volontiers écouter sur un radio-cassettes usé mais pas pour autant démodé.
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