Courtney Barnett - Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit
Au sein de la discographie d’un artiste, quelles sont les considérations qui nous font accrocher à un disque plutôt qu’à un autre ? A ce petit jeu, certains nomment l’importance de l’album de la découverte, celui que l’on aura écouté en premier. D’autres mettront en avant l’attrait pour les expérimentations quand certains privilégieront l’immédiateté.
1. Elevator Operator
2. Pedestrian At Best
3. An Illustration of Loneliness (Sleepless in New York)
4. Small Poppies
5. Depreston
6. Aqua Profunda !
7. Dead Fox
8. Nobody Really Cares If You Don’t Go to the Party
9. Debbie Downer
10. Kim’s Caravan
11. Boxing Day Blues
Ces écoles sont loin d’être exhaustives et un seul article, même fourni, ne suffirait pas à éluder cette question. Courtney Barnett n’en est qu’à deux disques. Et encore, le premier : The Double EP : A Sea of Split Peas, n’était, comme son nom l’indique, que l’assemblage de deux EPs sortis précédemment.
A priori, l’Australienne n’a donc pas vraiment le profil pour que l’on étudie particulièrement sa discographie. Ses albums, oui, mais, même si cet âge aura fait la légende de certaines « rock stars », l’usage veut qu’à 27 ans, un artiste ait plutôt sa carrière devant lui. Rangeons donc les rétroviseurs.
Si cette réflexion introductive concernant l’attrait pour tel ou tel disque d’une discographie se justifiait ici, c’est parce que certains, pressés de défendre The Double EP, ont déjà partagé une certaine déception à l’écoute de Sometimes I Sit And Think And Sometimes I Just Sit.
Alors quoi ? Produire en une dizaine de mois un opus serait plus difficile que de coupler deux EPs composés en une demi-décennie ? Courtney Barnett ne serait pas la première à se casser les dents sur le fameux « deuxième album ». Ce serait aller vite en besogne.
En faisant partie de ceux qui avaient apprécié The Double EP, mais sans guère plus d’enthousiasme, il est probablement plus aisé d’avoir un regard neutre sur l’évolution de l’Australienne. Le cas échéant, difficile d’adhérer à la thèse d’un déclin relatif à un second opus qui n’en est pas un.
Courtney Barnett n’a rien perdu de l’immédiateté qui constituait, avouons-le, l’argument principal de ceux qui avaient adhéré au Double EP. Certaines références, de PJ Harvey à Liz Phair en passant par The Go-Betweens ou une version girly des Dinosaur Jr, ont été largement évoquées si bien qu’elles s’apparentent à autant de boulets dorés pour celle qui a été repérée par Brent DeBoer, batteur des Dandy Warhols avec lesquels elle partage une forme d’intransigeance immédiate.
Si l’on repèrera effectivement, l’espace d’un ou deux titres situés aux deux tiers de Sometimes I Sit And Think And Sometimes I Just Sit – un titre qui, là aussi, en dit long sur l’ironie et le regard désabusé de la chanteuse sur le monde extérieur et sur elle-même – un léger creux, l’Australienne aura le mérite de donner de la grâce à des morceaux dont les influences donneront probablement de l’urticaire à quelques puristes. On pense notamment au riff de l’imparable single que constitue Pedestrian At Best. Rappelant les Babyshambles, celui-ci – dont on ne pourra pas remettre en cause l’efficacité – sert de détonateur à un morceau tranchant et déjanté dont le refrain suffirait à décrire, mieux que toute palabre supplémentaire, l’état d’esprit de Courtney Barnett : « Put me on a pedestal and I’ll only disappoint you / Tell me I’m exceptional and I promise to exploit you / Give me all your money and I’ll make some origami honey / I think you’re a joke but I don’t find you very funny ».
Guère plus avancés sur la valeur qu’aura ce Sometimes I Sit And Think And Sometimes I Just Sit dans la discographie de Courtney Barnett, on se contentera d’affirmer qu’il permet à l’Australienne de s’ériger un peu plus comme l’un des points de repère d’une nouvelle génération d’artistes féminines à l’esprit indépendant refusant, forcément, toute concession.
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Curieuses sont ces quelques critiques évoquant un Tell Me How You Really Feel mi-figue mi-raisin tant le dernier Courtney Barnett évite tous les écueils dans lesquels nous craignions que l’Australienne ne vienne s’engouffrer.
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