Courtney Barnett - Tell Me How You Really Feel
Curieuses sont ces quelques critiques évoquant un Tell Me How You Really Feel mi-figue mi-raisin tant le dernier Courtney Barnett évite tous les écueils dans lesquels nous craignions que l’Australienne ne vienne s’engouffrer.
1. Hopefulessness
2. City Looks Pretty
3. Charity
4. Need a Little Time
5. Nameless, Faceless
6. I’m Not Your Mother, I’m Not Your Bitch
7. Crippling Self Doubt and a General Lack of Self-Confidence
8. Help Your Self
9. Walkin’ on Eggshells
10. Sunday Roast
En effet, les charentaises parfois chaussées sur le Lotta Sea Lice produit l’an passé avec Kurt Vile sont remisées au placard. Et si l’artiste renoue régulièrement avec le style circa-slacker et rugueux décliné sur l’excellent Sometimes I Sit And Think And Sometimes I Just Sit, une indéniable tension s’invite à l’occasion des passages les plus introspectifs , en témoigne la délicieuse contre-ballade Walkin’On Eggshells, la délicate mélodie d’un Sunday Roast sublimé par la langoureuse voix de Courtney et surtout l’ouverture Hopefulessness entre post-rock apaisé et expérimentations caverneuses à la Sonic Youth.
Mais on le sait depuis au moins quatre ans pour ceux qui, comme nous, ont découvert la guitariste de Melbourne avec le double EP A Sea of Split Peas, c’est dans la synthèse d’hymnes rock à la fois rêches, tourmentés et mélodiques que cette dernière est la plus efficace. Nous pourrions même dire que dans cet exercice, aucun des contemporains de celle qui fête cette année ses trente printemps ne semble capable de rivaliser.
Alors que faire, si ce n’est savourer des tubes aussi évidents, intemporels et bruts que Charity, City Looks Pretty, Nameless, Faceless ou un Crippling Self-Doubt And A General Lack Of Confidence où apparaissent les sœurs Deal des Breeders aux chœurs ?
Rien, assurément. Il serait difficile de rendre justice à ce disque qui n’apparait probablement pas par hasard un an après le mouvement #metoo. Courtney Barnett est libre et le revendique fièrement sans jamais jouer les opportunistes tant ce disque ne convaincra sans doute jamais personne d’autre que les adeptes d’une certaine contre-culture. Pour ce faire, elle saupoudre sur une base électrique quelques fulgurances psychédéliques et même des revendications post-punk à l’image d’un I’m Not Your Mother, I’m Not Your Bitch aussi engagé lyriquement que retroussé musicalement.
A part les quelques grincheux que nous évoquions en introduction, il y a fort à parier que ceux qui ont apprécié Sometimes I Sit And Think And Sometimes I Just Sit trouveront également leur compte sur ce Tell Me How You Really Feel. Moins molle qu’elle ne l’apparaissait sur sa collaboration – somme toute correcte – avec Kurt Vile, sans jamais tomber dans sa propre caricature, Courtney Barnett a cherché en elle-même – au point d’y laisser quelques plumes, clamant ainsi « I make myself sick » sur Charity – de nouvelles ressources pour se renouveler sans se trahir. Et sans proposer quelque chose de fondamentalement différent. Ce qui n’a jamais été gênant s’agissant du second véritable album d’un artiste. Ceux qui lui reprochent de se répéter ont probablement déjà acté le fait que Courtney Barnett est incontournable et que son empreinte est définitivement posée sur la sphère indé. Dont acte.
En 2018, un premier semestre d’itinérance m’aura éloigné de l’actualité musicale. C’est le jeu. De très bons disques ont probablement, plus que de raison, échappé à ma vigilance. Il est plus difficile de sortir des sentiers battus sur le plan musical lorsque l’on dispose moins de temps pour s’adonner à cet (...)
Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit est un disque aussi percutant qu’inspiré, qui a permis à Courtney Barnett de s’affirmer dès son premier album comme l’une des songwriters les plus douées de sa génération.
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