Le streaming du jour #1110 : Happyness - ’Weird Little Birthday’
Et si, en 2014, l’heure était à la parfaite digestion d’influences ? Souvent dénuée d’intérêt, la méthode avait néanmoins permis à Timber Timbre, en usant des mêmes cordes que les Tindersticks, de fournir un Hot Dreams classieux à souhait. Le trio Happyness semble être l’un des fers de lance de cette nouvelle génération capable de recycler le meilleur de ses aïeuls tout en sachant éviter le piège consistant à rendre une copie fade ou datée.
Moins d’un an après sa formation et six mois après un premier EP éponyme, Happyness parvient d’ores et déjà à placer la barre très haut avec ce Weird Little Birthday. Les quelques médias ayant eu le nez suffisamment fin pour (déjà) faire l’éloge du trio londonien ont souvent évoqué un croisement entre Pavement et Sparklehorse. C’est assez juste et l’ombre de la bande de Stephen Malkmus plane d’ailleurs sur une paire de titres tels que Anything I Do Is Allright ou Great Minds Think Alike, All Brains Taste The Same, single déjà adoubé par quelques radios.
Il n’en reste pas moins que c’est la seconde influence qui prédomine sur ce disque. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter la fin de Leave The Party, hommage ouvert au Sea of Teeth figurant sur It’s A Wonderful Life. Par ailleurs, en termes de composition, l’utilisation de gimmicks chers à Mark Linkous ou d’une batterie tranchée aux sonorités similaires ont tôt fait de réactiver le souvenir de l’Américain.
Qu’on ne s’y trompe pas. La comparaison avec Sparklehorse est évidente, que ce soit sur les morceaux mélancoliques ou ceux, plus rares, où le ton se durcit à l’instar d’un Refrigerate Her qui n’est pas sans rappeler un Happy Man. Néanmoins, Happyness ne doit pas être considéré comme un ersatz du génie regretté.
Si Weird Little Birthday n’atteint pas les profondeurs poignantes d’It’s A Wonderful Life ou du mésestimé Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain - comment serait-ce possible ? - les Anglais ont néanmoins les moyens de leur ambition et prouvent par intermittence, notamment sur les neuf minutes d’un Weird Little Birthday Girl dont les arpèges évoquent davantage le House of Cards de Radiohead que les influences pré-citées, qu’ils en ont sous la pédale et que leurs compositions devraient évoluer sur un prochain opus.
En faisant appel au producteur Adam Lasus, qui a notamment travaillé aux côtés de Daniel Johnston, Happyness n’a rien fait pour que sa lo-fi s’éloigne de celle proposée par les initiateurs de cette esthétique. Qu’importe. Moins sombre que celle de ses aïeuls, l’album s’autorisant quelques rares crochets vers des sonorités plus pop, les trois Londoniens sont loin de proposer un quelconque surplace artistique. A l’instar des Canadiens de Timber Timbre, le dénominateur commun de la réussite de leur opus semble résider dans le fait qu’ils ont les moyens de leurs ambitions. Le talent, tout simplement. Une chose qu’on aurait tort de bouder.
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