Top albums - mai 2013
En mai fais ce qu’il te plaît dit le dicton, première bonne raison de vous épargner Daft Punk resté aux portes de ce nouveau classement (12ème très exactement) et dont nous n’aurions de toute façon pas su quoi dire de bon. Toujours plus gourmand de chemins de traverse aux teintes sombres et mélancoliques, le bilan mensuel du Forum Indie Rock préfère faire honneur à un cru chargé, entre sorties indé attendues au tournant par leurs obsessions et leurs démons, mastodontes des post-choses attirées par la nuit et ovnis à côté de la plaque toisant leur époque et laissant les honneurs d’une gloire éphémère aux adeptes du recyclage racoleur. Pour résumer, exit Wampire et place à Vampyr entre autre réjouissances, on n’est pas là pour caresser les hipsters dans le sens du duvet.
Les Résultats
1. Greg Haines - Where We Here
"Lorsque s’ouvre The Intruder sur un drone vaporeux et ces fragiles cascades d’arpèges de piano voilés de poussière et d’échos du passé, on ne s’attend pas franchement à être surpris par la quatrième livraison de Greg Haines. Puis les synthés décollent et hurlent tels des sirènes dans la nuit d’une mégapole du futur qui prend vie, et rien ne sera plus jamais pareil. L’Anglais a travaillé un an sur ce disque pour finalement revoir du tout au tout son approche de la musique à la lumière (indubitablement claire-obscure) d’influences qui se faisaient jusque là discrètes voire absentes de son classical ambient lyrique et ambitieux, des polyrythmies africaines aux basses hypnotiques du dub en passant par les pulsations et distorsions analogiques de la kosmische musik.
Seules subsistent de Digressions la dramaturgie drone et cette densité brumeuse qui termine ici de balayer le dépouillement poignant des premiers albums dans le foisonnement abstrait des vapeurs de rêve, parfaitement captées par le mastering de Nils Frahm. Un chef-d’œuvre d’introspection et de foi en la création, bande originale des rêveries troublées d’un enfant des 80s tentant d’offrir du romantisme à la grisaille des cités de béton."
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(Rabbit)
2. Witxes - A Fabric Of Beliefs
C’est quand se lance Through Abraxas qu’on se sent déjà face à un disque extraordinaire... Quelques secondes à peine du talent de Maxime Vavasseur pour nous immerger pleinement et nous rappeler qu’il y a à peine un an et un mois Sorcery/Geography nous avaient autant impressionnés, avec le même seul mot à retenir : voyage. Ici il est bien plus long que ses une heure de surface. C’est sûr ce n’est pas les îles... mais c’est bien mieux ! Une série de morceaux en "th" et la vision du soleil savamment obstruée par les arrangements méticuleux d’éléments insondables, au-delà des genres, des drones, du jazz sombre, du metal et de l’ambient... terriblement intense !
A l’année prochaine ? Ou bien plus tôt... s’il le faut !
(Riton)
3. The National - Trouble Will Find Me
" Trouble Will Find Me est le sixième album de The National. Dire qu’on l’attendait de pied ferme serait un bel euphémisme tant le triptyque composé d’Alligator, Boxer et High Violet constituait un sans faute de grâce absolue. Au rayon des invités, on retrouve Richard Reed Parry d’Arcade Fire, déjà présent sur High Violet et un Sufjan Stevens qui s’invite pour la troisième fois consécutive sur un disque du groupe. A leurs côtés, Annie Clark de St Vincent, Sharon Van Etten et Nona Marie Invie de Dark Dark Dark rejoignent les rangs des guests.
Les National ont été généreux, treize titres pour cinquante cinq minutes. Avec Don’t Swallow The Cap, les termes "maîtrise" et "classieux" semblent taillés pour leur musique et c’est encore une fois une démonstration du genre appuyée par la sobre efficacité des guitares des jumeaux Dessner que nous propose la bande emmenée par un Matt Berninger au-dessus de la mêlée. Sea Of Love est un grand morceau au rythme galopant, Heavenfaced une douce explosion et Slipped l’une de ces ballades qui nous rappellent pourquoi les National sont quelques centaines de mètres au-dessus des autres formations du genre."
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(Elnorton)
4. Deerhunter - Monomania
A force d’acclamer le génial et prolifique Bradford Cox que ce soit avec Deerhunter ou son projet solo Atlas Sound (qui se rejoignent de plus en plus), on se dit qu’un jour il va se casser la gueule et que l’on sera content de le détester comme toute personne que l’on a portée aux nues, qui commence à lasser par tant d’aisance et que l’on veut prendre plaisir à jalouser. A la première approche de Monomania, on se dit que ce moment est arrivé. La lumière éclatante du précédent Halcyon Digest s’est retirée, Bradford Cox a atteint ses limites dans la quête de l’album pop ultime, il a raté son coup et s’est brisé les ailes, bien fait pour lui. Mais, c’est pour mieux nous faire tomber de haut que ce nouvel opus se révèle rêche et abrupt, construit dans l’urgence afin de nous sortir de ce confort qui commençait à s’installer dans la discographie de Deerhunter. A la fois belliqueux et troublant, cet album brûle au fur et à mesure des écoutes pour finalement s’enflammer dans cette pénombre crasseuse et anxiogène (revenant quelque peu sur le terrain noisy et électrique du diptyque Microcastle / Weird Era Cont. ), éclairant toutes les contradictions émotionnelles de cet homme qui ne veut pas (ou plus) qu’on l’adoube (ou du moins sans effort). Ce n’est donc pas encore cette fois-ci que l’on pourra voire Icare s’écraser en pleine ascension.
(darko)
5. Ghostpoet - Some Say I So I Say Light
Côté hip-hop ce mois-ci "c’est le Londonien Ghostpoet qui remporte les suffrages avec le successeur du parfait Peanut Butter Blues & Melancholy Jam de 2011. Toujours aussi dense et vaporeux dans sa production partagée cette fois avec l’ex Dakota Suite Richard Formby, Some Say I So I Say Light continue de creuser ce même sillon mélancolique et métissé empreint d’influences dubstep, électronica ou psyché-rock, culminant sur les ambitieuses percées orchestrales du menaçant Cold Win et du plus fervent Comatose.
Tout un cheminement introspectif entre ces deux extrêmes, et si l’on pourra reprocher à l’album de rompre à quelques occasion sa belle atmosphère en clair-obscur alternant ou télescopant méditations nocturnes (Sloth Trot, Dialtones avec les backing vocals capiteux de Lucy Rose), groove nébuleux (ThymeThymeThyme, Dorsal Morsel), incursions pop aux refrains romantiques (le single Meltdown) et pics de tension plus nocifs (MSI musmiD, 12 Deaf), c’est toujours pour s’essayer avec brio à d’autres transgressions, citons notamment l’afrobeat éthéré du presque festif Plastic Bag Brain avec Tony Allen aux fûts."
(Rabbit)
6. Chris Weeks - Contemplation Moon
Huit mouvements pour épouser les huit phases du cycle lunaire et les sentiments diffus qu’elles évoquent, tel est le point de départ de ce deuxième long format du Britannique dont la musique gagne encore ici en profondeur de champ et en qualité d’immersion, au détriment peut-être d’une certaine dimension épique plus évidente sur le triptyque d’EPs offert en téléchargement au cours des derniers mois. Plus épuré et solennel que jamais, Contemplation Moon pourrait ainsi rebuter par sa durée (90 minutes) si ce n’était justement cette capacité à suspendre et dilater le temps pour mieux nous faire ressentir l’immensité de cette chape d’étoiles et de néant qui nous surplombe, avec autant de fascination que d’appréhension vis-à-vis de l’inconnu et de ses mystères. Mystères du cosmos, de notre propre imaginaire ou de nos émotions, puisque contemplation, rêve et introspection ne font plus qu’un au contact de cette symphonie drone dont les flux de radiations analogiques et parfois de cordes synthétiques (Melancholy, Isolation, Expiration), évoquant dans l’esprit le majestueux ballet des Planètes de Gustav Holst (et notamment le final de Saturn pour son spleen élégiaque et fugace), semblent célébrer tout à la fois l’éternité de l’univers et la fragilité de nos vies éphémères.
(Rabbit)
7. Year Of No Light - Vampyr
OVNI musical conçu initialement pour être joué sur scène lors de ciné-concerts, la bande son de Vampyr (film muet de Carl Dreyer, 1932) nous dévoile une facette un peu inattendue des Bordelais de YONL.
Sur plus d’une heure, Vampyr tangue entre les riffs écrasants et guitares puissantes familières de la formation et des passages de drone plus intimistes voir d’expérimentations ambient qui ne sont pas sans rappeler leurs collaborations discographiques avec Nadja et Thisquietarmy.
Idée de génie du groupe d’accepter de partager ce travail aux perspectives abyssales et fascinantes.
(nono)
8. Mendelson - s/t
"La formation de Pascal Bouaziz, de par sa rareté et la radicalité de son propos, nous a déjà offert une discographie exigeante et unique dans nos contrées. Mais avec cet album, le groupe pose une marque indélébile dans le paysage français.
Proche par moment de la noise, la musique contemporaine, le free jazz ou encore Pornography de The Cure (surtout sur Une Seconde Vie), la musique ne sert jamais d’habillage ou de faire-valoir aux textes et il est difficile par moments de savoir si on est encore vraiment dans de la « chanson », notamment sur le dantesque Les Heures (1h !).
Mais la plus grand force de cet album, c’est que malgré sa noirceur et son approche musicale peu engageante, il dégage une humanité troublante et rassurante. Il raconte quelque chose sur ce que nous sommes devenus, sur la société, sur notre rapport et notre façon d’interpréter le monde. Bouaziz arrive, avec quelques mots, à toucher du doigt une vérité d’une justesse désarmante. C’est cette alchimie, indéfinissable, qui fait du dernier Mendelson une œuvre unique.
Radical et ambitieux, l’un meilleurs albums jamais sortis en France à la fois en tant que proposition esthétique majeure et innovante mais surtout de la façon dont il nous interroge et interroge le monde."
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(John Trent)
9. Orval Carlos Sibelius - Super Forma
Encore aujourd’hui, on retrouve des pépites inattendues et insoupçonnées des sixties qui n’ont pour ainsi dire jamais connu le succès. L’écoute de Super Forma m’a fait penser immédiatement au Present Tense (1967) de Sagittarius, chef-d’œuvre de pop psychédélique découvert sur le tard. Cet album d’Orval Carlos Sibelius est dans cette même veine fascinante et mystique, merveilleuse et insaisissable par les multiples chemins de traverse empruntés. Cet album a tout du classique qui ne se dévoilera qu’au fur et à mesure (sans besoin de drogues) et dont on sait à l’avance que l’on n’en aura jamais fait le tour. Foisonnant d’idées agréablement enivrantes et aux parfums multiples, cet album est sorti de la tête d’un seul homme, on se demande encore comment cela est possible, c’est sans doute parce qu’il vient de l’esprit affuté d’un ancien Centenaire (remarqué en 2009 avec 2 - The Enemy, intense et remarquable également). Il ne faut donc pas attendre des décennies pour découvrir cette œuvre et l’apprécier à sa juste valeur, au temps présent.
(darko)
10. Cindytalk - A Life Is Everywhere
Trop rares sont les pionniers aux carrières conséquentes à continuer d’expérimenter inlassablement avec leur temps, mais Gordon Sharp est assurément de ceux-là. De Cindytalk, groupe à géométrie variable qui puisa ses racines il y a 30 ans déjà dans le post-punk et l’indus les plus noirs et torturés avant de rapidement s’intéresser aux manipulations analogiques de l’ambient et à l’épure de la musique classique contemporaine, l’Écossais transgenre a fait aujourd’hui le véhicule de son goût pour les textures abstraites et les vagues de field recordings mystiques, agencés sur cette quatrième sortie pour Editions Mego en véritables tsunamis abrasifs. Plus de mélodies de piano impressionnistes ou d’idiophones distincts auxquels se raccrocher comme sur Hold Everything Dear (2011), tout juste si quelques vestiges rythmiques viennent s’extraire des séismes de bruit statique comme sur Up Here In The Clouds (2010), mais c’est finalement du visionnaire The Crackle Of My Soul et de ses déferlantes d’échardes numériques et de stridences analogiques ici densifiés et contrastés à l’extrême que A Life Is Everywhere s’avère le plus proche dans sa paradoxale contemplation bruitiste, à la fois sombre et scintillante.
(Rabbit)
11. One Lick Less - Spirits Of Marine Terrace
"Deuxième album de One Lick Less, Spirits Of Marine Terrace frappe autant par son authenticité que par la tension qui l’habite. Du folk enragé, du blues félin, du drone agité, du math-rock acoustique, du post-rock qui sort les griffes, du psychédélisme fuselé, tout cela correspond et dans le même temps, tout cela est très réducteur. One Lick Less aime les grands espaces, lorgne toujours du côté de l’Amérique mais jette un œil au reste de la mappemonde (quelques incursions en Inde mais aussi du côté de la perfide Albion et de sa pop insulaire, voire quelques périples au fin fond d’obscurs ports le temps d’un Alifib assez singulier). Basile Ferriot écorche son kit avec une frappe qui tient autant de l’estafilade que du pain dans la gueule quand Julien Bancilhon explore toutes les possibilités de ses pédales d’effet home made et des cordes de sa guitare, les griffant, les frottant, les pinçant, les frappant entre autres gestes épidermiques quand il ne psalmodie pas quelques paroles ou les crie.
Ce Spirits Of Marine Terrace, c’est un fragment d’humanité mis en musique, un disque tout nu qui exhibe ses nerfs, ses muscles, sa chair et ses hématomes, et trace en sept morceaux magnifiques les contours d’un blues personnel et très spécial qui ne ressemble à rien de connu."
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(leoluce)
Les Choix de la rédaction
darko :
1. Deerhunter - Monomania
2. Orval Carlos Sibelius - Super Forma
3. Baths - Obsidian
4. Ghostpoet - Some Say I So I Say Light
5. The Pastels - Slow Summits
Elnorton :
1. The National - Trouble Will Find Me
2. Ghostpoet - Some Say I So I Say Light
3. Tricky - False Idols
4. Greg Haines - Where We Were
5. One Lick Less - Spirit of Marine Terrace
HaveFaith :
1. Greg Haines - Where We Were
2. Adoran - Adoran
3. Mayerling - Cut Up
4. Witxes - A Fabric Of Beliefs
5. 10konekt & Mixolive - 10kolive 2
John Trent :
1. Mendelson - Mendelson
2. Petit Fantôme - Stave
3. Greg Haines - Where We Were
4. Ghostpoet - Some Say I So I Say Light
5. Year Of No Light - Vampyr
leoluce :
1. Witxes - A Fabric Of Beliefs
2. One Lick Less - Spirits Of Marine Terrace
3. Man Or Astroman - Defcon 54321
4. Year Of No Light - Vampyr
5. Slidhr - Deluge
nono :
1. Man Or Astroman - Defcon 54321
2. Kylesa - Ultraviolet
3. Year Of No Light - Vampyr
4. Eluvium - Nightmare Ending
5. Nadja - Flipper
Rabbit :
1. Chris Weeks - Contemplation Moon
2. Cindytalk - A Life Is Everywhere
3. Greg Haines - Where We Were
4. Nadja - Flipper
5. Scout Niblett - It’s Up To Emma
Riton :
1. Mayerling - Cut Up
2. Dirty Beaches - Drifters/Love Is The Devil
3. Greg Haines - Where We Were
4. Witxes - A Fabric Of Beliefs
5. Chris Weeks - Contemplation Moon
Spoutnik :
1. Ghostpoet - Some Say I So I Say Light
2. Greg Grease - Black King Cole
3. Tree - Sunday School II
4. Havoc - 13
5. G&D - The Lighthouse
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- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Squarepusher - Dostrotime
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)
- Novembre 2024 - les albums de la rédaction
- 2024 à la loupe : 24 labels
- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons