Encore un joyau que les collectionneurs de beaux objets n’auront pas, à moins peut-être de passer prochainement par le Parc National de Dartmoor en Angleterre et les derniers vestiges des archives de la Beynon School of Audio Architecture, institution d’éducation alternative où seraient nées entre le milieu des années 60 et la fin des années 70 ces expérimentations lo-fi marquées par la sinistrose climatique et géographique du Devon et les rêveries lugubres de ses mystérieux étudiants.

Les 50 copies de cette vrai-fausse compilation d’époque s’étant écoulées - tout comme pour Clearing - en 24 heures à peine du côté du label I Had An Accident qui jouit désormais d’un culte grandissant auprès des amateurs de télescopages singuliers, 25 cassettes supplémentaires seront en effet mises à disposition très prochainement via Facebook par l’archiviste en chef Gregory Beynon, petit-fils du fondateur de l’école Victor Beynon. En attendant, c’est sur Bandcamp que ça se passe, l’écurie d’Annapolis ayant eu la gentillesse de partager une fois sold-out les deux faces de l’objet en intégralité comme elle le fait régulièrement.

Info ou intox, Beynon Archival égrène des indices comme ici l’histoire impossible à corroborer d’une composition pour orgue d’église, synthé Maxi-Korg 800DV et réveil-matin présente en début de face B et enregistrée à l’automne 78 par une certaine Regina Back sur laquelle on n’a évidemment rien trouvé. Qu’importe, mythologie créée de toutes pièces par un féru d’hantologie ou travaux de pionniers ambient tirés des griffes du passé et restaurés dans un flot constant de bruit statique et de drones gondolés, finalement il n’est question que de fantômes, ceux qui surgissent du vent des landes et s’insinuent dans notre imaginaire, hantent les bandes des vieilles cassettes et déforment les reflets des miroirs, frôlent les cordes d’une harpe poussiéreuses ou les touches d’un clavier vintage pour communiquer leur spleen ou leur mal-être. Ces fantômes qui nous assaillent dans le noir et nous abandonnent entre fascination et folie, dans un refuge mental de rêves opalescents qui scintillent et pulsent à n’en plus finir pour éloigner le grondement des cauchemars :