On a bien fait d’écouter les conseils de Christ. et de garder l’oreille braquée sur les anciens de l’écurie Benbecula. Car outre les quelques noms cités par l’ex Boards Of Canada, Christopher Leary est loin d’avoir perdu la main, et via son projet Ochre n’a jamais vraiment cessé de rêver malgré le dépôt de bilan du mythique label écossais.

Pour preuve, cette quatrième sortie de son propre label Aura Materia voit l’Anglais tracer le même sillon onirique et mélancolique qu’à ses débuts 12 ans plus tôt, mais avec un plaisir sans cesse renouvelé à nous semer au gré de ses beats concassés et de ses mélodies analogiques sillonnées de blips cosmiques, de programmations distordues, de synthés radiants et autres arrangements baroques (serait-ce donc un clavecin que l’on entend dodeliner sur le badin et non moins délicat Self Assembly ?), osant même l’incursion techno aussi solide que gracile le temps d’un Glassmaker destiné aux spationautes du dancefloor.

Garant de cette propension qu’avait l’IDM à imaginer un futur romantique que beaucoup ont déjà relégué au rang des utopies datés, National Ignition parvient ainsi à mêler élégance cybernétique et fantasme bariolé sans jamais se départir de son groove assassin, qu’il lorgne sur les collages de la musique concrète (le foisonnant Leaving Arcadia), les songeries stellaires d’une ambient scintillante (Jack In), les martèlements industriels plus massifs et déstructurés du contrasté Dead Republics d’où émerge un piano d’autant plus chaleureux, ou encore les lignes claires d’une électronica surannée (Abbau). Magique.