C’est le streaming des grandes premières pour les trois sculpteurs d’atmosphères troublantes et délicates aujourd’hui présentés à vos oreilles avides d’ambient en clair-obscur : première sortie sous son véritable patronyme pour le Norvégien Otto A Totland, moitié de Nest et de Deaf Center, premier morceau intégralement constitué de percussions et de feedback de guitare pour Erik K Skodvin, son vieux copain d’école et compère au sein de ce second projet, et enfin première tout court pour l’Anglais Brambles en quête de quiétude dans les premières lueurs australes.

Aucun doute sur la paternité des parties de piano au spleen ambigu qui s’immisçaient entre les chapes de drones élégiaques et les nappes de crins dissonants du superbe Owl Splinters l’an dernier, puisque d’emblée Otto Totland nous régale de trois pièces aux accords à nu évoquant tour à tour doute, solitude et regrets. C’est Sonic Pieces qui régale et ça s’entend, l’écurie allemande de Monique Recknagel se faisant l’écho depuis quelques années de ce que l’ambient post-classique a à offrir de plus poignant et singulier dans le paysage de la musique de chambre contemporaine.

Et pourtant en guise de conclusion pour ce 7" disponible à compter du 30 novembre, celui dont on admire chez Miasmah les linceuls funèbres déployés sous l’alias Svarte Greiner se démarque de cette esthétique basée sur une instrumentation académique pour s’aventurer du coté d’un jazz ténébreux et marécageux. Percussions tâtonnantes et feedback fantomatique président ainsi au bien-nommé Blind, dont le tension monte progressivement à mesure que s’amenuise l’espoir de trouver une issue à cette crypte aux allures de tombeau dans la continuité des errances anxieuses et habitées du fabuleux Flare publié en 2010 par le même label.

Quant à l’Anglais Mark Dawson, Australien d’adoption, c’est justement sur le label gallois Serein tout particulièrement apprécié dans nos pages pour l’ambient impressionniste et cinématographique du duo Nest emmené par le sus-nommé Otto Totland que sortait le mois dernier son tout premier album Charcoal, désormais en écoute intégrale. On se contentera une fois n’est pas coutume de vous renvoyer vers cette clairvoyante chronique afin de ne pas trop nous étendre sur ce petit bijou d’ambient acoustique aux rais de lumière fragiles et poussiéreux, dont les introspections au lyrisme feutré cordes et piano en avant lorgnent discrètement sur le jazz, le drone et l’élecronica de chambre.

L’occasion enfin de revenir sur le superbe Petrychor, inédit en libre téléchargement introduisant une série de méditations à venir sur le site du musicien et dont la dramaturgie isolationniste et séraphique n’est pas sans rappeler justement les travaux de Nest, bouclant la boucle de ce streaming en suspension :