De Félicia Atkinson, Parisienne nomade diplômée des Beaux-Arts et longtemps basée à Bruxelles, on connaissait la "musique de guerre" du projet Je Suis Le Petit Chevalier, né d’un séjour dans les bois de l’état de New York que relate cet essai radiophonique. Une musique construite comme un rempart contre les menaces du monde extérieur mais paradoxalement rêveuse et ensorcelante, dont les drones mystiques et autres collages drogués ont fait ces trois dernières années les belles heures de quelques-uns de ces labels DIY que l’on suit avec passion, citons notamment I Had An Accident, Ruralfaune ou Aguirre.
Dernier album en date, mastérisé par Pete Swanson de feu Yellow Swans et co-édité en mars dernier par Shelter Press et La Station Radar, An Age Of Wonder décline en deux longues errances instrumentales tantôt éthérées ou plus abrasives les visions fantasmatiques de la Française, marquées cette fois par l’isolationnisme de la communauté Amish, les couchers de soleil du Wisconsin (bien que l’enregistrement ait eu lieu pour partie dans l’Ohio) et l’été indien en Belgique :
Néanmoins, depuis le spoken word bilingue de l’impressionniste et poétique Roman Anglais enregistré en 2008 en collaboration avec Sylvain Chauveau, la plasticienne publie également des albums sous son véritable patronyme, qui l’ont vu passer depuis par des structures aussi réputées qu’Hibernate, Home Normal, ou encore Fluid Audio avec le tout récent EP On Being Kind To Horses aux drones solaires et hypnotiques, inspiré par l’oeuvre du poète russe Vladimir Maïakovski.
Et voilà qui nous amène à l’objet de cette news, à savoir la sortie le 25 juillet d’un 7" chez nos amis de Cooper Cult, tout jeune label de la Néo-Zélandaise Birds Of Passage déjà bien connu de nos lecteurs amateurs d’ambient (cf. ici ou là). Inspiré à la musicienne par trois livres de femmes guidées comme elle par leurs visions, A Transparent Comet s’ouvre sur Franny et son étrange folk sépulcrale pour piano atonal, qui tire son nom de la nouvelle éponyme de JD Salinger :
Ce premier extrait au chant voluptueux et non moins possédé sera complété en face-B d’un second titre, Alexandra, en référence à l’exploratrice et philosophe Alexandra David-Néel qui fut la première femme d’origine européenne à séjourner au Tibet dans les années 20. Enfin, l’autobiographique Et devant moi, le monde de l’écrivaine américaine Joyce Maynard sur sa relation de jeunesse avec Salinger a également influencé Félicia dans la composition de ce nouvel EP, mastérisé cette fois par Jeff Stonehouse aka Listening Mirror (dont on attend pour bientôt une collaboration avec Wil Bolton précédée d’un aperçu pour le moins prometteur ici).
Quant à l’artwork minimaliste et minéral de ce deux-titres, on le doit à Bartolomé Sanson, patron du sus-nommé Shelter Press qui s’intéresse également à l’édition de monographies et sortira à l’automne un livre signé... Félicia Atkinson dont voici l’une des illustrations :