Issus d’un certain nombre de formations de la nébuleuse indé de Poitiers, de Gum à Kinkle en passant par Seven Hate et surtout les romantiques Motel où sévissait le batteur Mathieu Guérineau en compagnie de la future Jehn de John & Jehn, les cinq membres de Microfilm unissaient leurs talents il y a dix ans tout juste autour du concept d’un post-rock ultra-référencé arrivé à maturité dès 2007 avec le cinématique Stereodrama, hommage aux thrillers hitchcockiens samplés en anglais comme en français d’ailleurs (une gageure !) au gré de progressions crépusculaires aussi proches dans l’esprit du label Constellation que de Diabologum (cf. La fille qui en savait trop, qui s’attaquait pour le coup au classique bis de Mario Bava).
Deux ans plus tard, le tout aussi concis et réussi The Bay Of Future Passed, digression autour du chef-d’œuvre (presque-)éponyme des Moody Blues, remettait le couvert pour évoquer l’angoisse générée par notre société violente et déshumanisée. Un troisième opus qui trouvera bientôt une successeur puisque le quintette nous annonce pour la fin du mois prochain la sortie d’ AF127, d’ores et déjà précédé par trois singles qui mettent à profit l’expérience visuelle cultivée par le groupe sur scène ces dernières années.
En effet, à l’échantillonnage des films et autres documents audiovisuels patiemment déterrés par le groupe sont désormais associées leurs images, dont le montage vient souligner la dimension dramatique de ces nouveaux morceaux particulièrement épiques sous l’impulsion d’une batterie prééminente, du sombre et flamboyant Carnival dont les guitares expressionnistes et le synthé gothique épousent les cauchemars éveillés du cultissime Carnival Of Souls (1962) :
... au plus massif et percutant Flying Guillotine tout en arpèges et riffs typiquement post-rock mais dont la rythmique presque discoïde et les samples en mandarin trouvent un écho délicieusement kitsch dans la démonstration de kung-fu d’un obscur film d’exploitation du cru :
... sans oublier le fulgurant X’ploitation, martial mais pas dénué pour autant d’une certaine sensualité dissonante (de la basse ronde à la réverb en passant par les cuivres), au diapason des conseils anachroniques de l’ancien didactique d’éducation sexuelle qui lui sert de clip :
Autant dire que le groupe poitevin n’avait jamais aussi bien porté son nom, et que l’on attend la suite avec la même impatience que le prochain cycle de notre ciné-club de quartier !