N’aurait-on pleuré à l’été 2009 le décès précoce de Danielle Baquet-Long et la fin du duo qu’elle formait avec son compagnon Will Long, que l’on pourrait croire Celer toujours aussi hyperactif qu’avant. Il faut dire qu’avec 25 albums inédits dans les tiroirs entre autres CD-r limités en instance de réédition, le Californien avait facilement de quoi faire durer l’aventure et honorer la mémoire créative de sa compagne trois années de plus en conservant à Celer son rythme de croisière. Sauf que voilà, on en est déjà à une quarantaine de sorties via Bandcamp depuis lors, dont près d’une trentaine rien que pour l’an dernier... alors à moins que les mathématiques nous aient joué un tour, il semblerait que Will Long ait finalement repris à son compte ce fascinant projet drone-ambient, ce dont on ne peut finalement que se réjouir.

L’occasion d’ouvrir aux néophytes quelques pistes en commençant par la fin, et ça tombe plutôt bien puisque toutes les facettes du duo - et donc désormais de Will Long en solo - sont représentées par ces quatre sorties de janvier. Majestueuse, évocatrice et dans une pleine continuité musicale et thématique tout d’abord avec An Immensity Merely To Save Life et ses deux longs instrumentaux aux boucles enveloppantes, 4ème volume de la série de vinyles noirs entamée en juillet dernier avec Ever, Irreplaceable Beauty et dont irradie le même genre de spleen solaire :

... encore plus immersive et mélancolique peut-être avec le bien-nommé Emotion, composé par Long en vue de la tournée japonaise qu’il vient de terminer (vivant désormais à Tokyo) avec le duo du cru Illuha, auteur à l’automne dernier de l’acoustique et poétique Shizuku chez 12k :

... plus éclatée ensuite dans son format et ses tonalités, plus abstraite aussi peut-être malgré quelques incursions d’un piano dont semblent affleurer des fragments d’émotions éteintes, mais tout aussi méditative quoi qu’il en soit avec le fameux Capri de 2009, favori de Lawrence English remastérisé pour l’occasion par l’excellent Stephan Mathieu (qui vient lui-même de sortir un nouvel opus chez Line) et agrémenté d’une poignée d’inédits :

... et enfin le délicat In The Finger​-​Painted Fields Of The Eyes, disponible via le très DIY label canadien Prairie Fire et dont on vous laisse apprécier par vous-même la dimension introspective et onirique en eaux parfois plus troubles sur près d’une heure (trente minutes de plus en version cassette), preuve que l’Américain n’a décidément rien perdu de son inspiration :