Le streaming du jour #284 : Alaclair Ensemble - ’Le Roé C’est Moé’

Alaclair Ensemble, ce sont 7 rappeurs et producteurs québecois issus pour certains d’entre eux du collectif K6A (qui rendait tout récemment encore un hommage délicieusement post-moderne au Wu-Tang de la grande époque), une troupe de "post-rigodon bas-canadien pour enfants" nous expliquent-ils dans leur jargon dadaïste (rien à voir avec un hybride de la ricotta et du picodon même si ça peut éventuellement sentir un peu des pieds), qui n’hésite pas à attribuer à J Dilla l’indépendance musicale du Bas-Canada où à œuvrer dans un glitch-hop d’obédience californienne en ce qui concerne surtout l’excellent KenLo Craqnuques, pensionnaire en solo du label italo-allemand Error Broadcast.

On aurait pu faire dans l’inutile en vous vantant à notre tour les instrus kaléidoscopiques et syncopés teintés de jazz ou d’électro 8-bit du bien-nommé Un PIOU PIOU parmi tant d’autres, très bon dérivé parmi tant d’autres de la beat scene des labels Alpha Pup (Dibia$e n’est pas loin), Brainfeeder et consorts qui n’en finit plus de faire des petits, ce rejeton-là ayant déjà trouvé à juste titre un écho favorable dans les colonnes de nos confrères de Chroniques Électroniques. On aurait aussi très bien pu flirter avec le mauvais goût assumé en optant pour les comptines acoustiques éthérées de Touladis et leurs improbables croisements de folk et de "nouvelle chanson française", mais là c’était tout de suite moins pertinent.

Heureusement, avec pas moins de trois albums lâchés à l’automne dernier en free download via Bandcamp, Alaclair Ensemble nous offre une troisième voie royale, celle d’un hip-hop décomplexé en Québecois dans le texte dont on saisit (heureusement ?) moins les paroles que les influences, lesquelles vont du jazz-hop cosmique de Digable Planets (Si J’aurais) au proto-grime classieux de Roots Manuva (Teflon Dons) en passant par le clubbing lascif et enfumé des Neptunes (Gun Gus Gus), les collages old school funky et cuivrés de Wax Tailor (Trace De Break), les rondeurs urbaines du DJ Premier d’antan (Moule Graine) ou encore les boucles sombres et opiacées de Madvillain (Stool Pas).

Autant dire Le Roé C’est Moé brille moins par sa cohérence que par sa transversalité gourmande et gentiment barrée, une bonne tranche de fun sans prétention ni conséquence mais déroulée avec suffisamment de virtuosité pour nous faire oublier quelques incursions plus douteuses du côté d’un G-Funk anachronique (Fa’ Faire Du Loot) ou d’un r’n’b dégoulinant (Intergalactique, malheureusement sans rapport aucun avec le tube quasi homonyme des Beastie Boys). A découvrir.


Streaming du jour - 26.01.2012 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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