Mais qu’est-ce qui a pu se passer chez Sharon van Etten entre la sortie de Because I Was In Love, son premier album en 2009 et celle de Tramp le mois dernier ?

Because I Was In Love était une succession de chansons folk, guitare-voix basique, limite à la Karen Dalton, c’est dire le classicisme de la chose. Alors que sur Tramp, la folk est tellement loin ! Peut-être qu’il y a eut Epic en 2010, un album à la Phosphorescent revisitant l’americana, et peut-être que ce serait un peu l’album passerelle entre les deux facettes de la New-Yorkaise ? Mouais...
Peut-être que Sharon van Etten a simplement été ambitieuse et a su s’entourer ? D’abord Aaron Dessner (The National) à la production, Matt Barrick (The Walkmen) à la batterie, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça s’entend, notamment sur la rythmique épique de Serpents ou le crescendo d’All I Can en parfait accord avec la magnifique voix flottante de la New-Yorkaise.
Peut-être qu’elle a pris conscience qu’elle pouvait faire des chansons claires-obscures sans pour autant négliger une instrumentation plus pop (PJ Harvey, Cat Power) ? Warsaw et le magnifique Give Out sont parfaitement maîtrisés. A l’opposé, Ask et I’m Wrong sont beaucoup trop grandiloquents.
Peut-être qu’elle a voulu ratisser large ? Bien que Tramp sonne résolument rock, Kevin’s par exemple reste néanmoins très folk, Joke or a Lie est minimaliste et le fait d’enregistrer We are Fine et Magic Chords avec Zach Condon (Beirut) me conforte dans cette idée.

A faire la fine bouche, j’en finirais par oublier que sous des dehors un peu trop fédérateurs, Tramp reste un superbe album oscillant entre grâce et force, un album patchwork passionnant et tendu !