*AR - Wolf Notes
Sortie le : 13 juin 2011
Soyons honnêtes d’emblée, ça n’est sûrement pas le pénible Landings de Richard Skelton qui nous aura finalement conduits à poser l’oreille sur ce premier album de *AR, d’abord sorti entre décembre 2010 et janvier 2011 dans diverses éditions toutes plus artisanales et limitées les unes que les autres et de fait épuisées lorsque Type décida d’en poursuivre la distribution en milieu d’année. Mais la voix d’Autumn Richardson - plus connue en tant qu’Autumn Grieve sur ce même label - étant ce qu’elle est, et la magnifique ouverture éponyme de l’album Daas de Machinefabriek nous ayant réconcilié depuis avec le classical ambient cafardeux du Britannique, nous nous devions bien de laisser une chance à cette collaboration bien peu médiatisée y compris dans les milieux autorisés, et ce malgré une première rencontre superbement poétique bien que désespérément courte sur le plus folk et romantique Stray Birds en 2009.
Or bien nous en a pris, car si d’entrée sur la pochette un paysage des landes du comté de Cumbrie dans le Nord-Ouest de l’Angleterre nous renvoie avec son ciel de grisaille à celle du susmentionnée Landings, dont les austères enchevêtrements de cordes plus ou moins dissonantes traînaient l’an dernier leur spleen lancinant sur 70 interminables minutes, la musique ici passe au second plan, écrin de silence sur la plus grande partie du disque pour les vocalises envoûtantes et parfois quasi opératiques d’Autumn qui cette fois se passe de mots pour toucher à une beauté purement abstraite venue d’un autre temps.
Inspirées de loin par le folklore anglo-saxon, les mélodies vocales épurées que déroule la Canadienne en boucles envoûtantes sur la lente progression dramatique des drones de violoncelle de Skelton se muent ainsi sur Decline, majestueuse pièce centrale de ces cinq mouvements indissociables, en véritables harmonies liturgiques aux allures d’ode à la solitude. Et s’il faudra tendre l’oreille ou monter le son sur le bien-nommé Rest, interlude où la voix est réduite à de lointains échos mêlés de réverbérations métalliques quasi-imperceptibles, le jeu en vaut la chandelle jusqu’au bout car le "Retour" que nous préparent les deux musiciens en fin d’album enfonce le clou d’une mélancolie obsédante qui, dès lors, n’en finira plus de nous hanter...
180 albums, car si la frustration demeure de ne pas en citer 100 ou 150 de plus, c’est là que la césure s’avérait la plus supportable en cette année 2023 riche en pépites sous-médiatisées. 180 disques, car le but d’un bilan annuel, de la part d’une publication musicale quelle qu’elle soit, ne devrait pas revenir à montrer que l’on a sagement écouté la (...)
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