Le streaming du jour #205 : Robin Foster - ’Where Do We Go From Here ?’
Dévoilé hier un peu par surprise sur les sites de téléchargement légal soit plus de dix jours avant sa sortie officielle, ce deuxième opus de Robin Foster s’est trouvé propulsé dans l’instant sur l’ensemble des plateformes de streaming, de Deezer à Spotify en passant par MusicMe.
S’agissait-il de déjouer l’attente ou simplement les premiers leaks qui avaient commencé à envahir la Toile ce week-end ? Toujours est-il que le regret n’est pas de mise tant le Finistérien d’adoption a vu large avec ce nouvel opus qui surclasse son prédécesseur sur tous les plans, reléguant ses fondamentaux post-rock en ouverture et en clôture comme si ce disque constituait une parenthèse dans son univers, et délaissant sa campagne brestoise au profit d’une inspiration nettement plus ambitieuse.
En effet, si Life Is Elsewhere a ses admirateurs fervents jusque dans l’équipe IRM, certains lui reprochaient encore à juste titre son application de recycleur post-rock, un peu trop marqué peut-être par les guitares épiques du Mogwai des débuts malgré une utilisation plus fréquente des boîtes à rythmes. Mais l’an dernier, deux ans tout juste après sa sortie remarquée, une rencontre allait tout changer : l’Anglais Dave Pen, chanteur pour Archive depuis l’album Lights tombe sur ce premier essai, l’adore et donne rendez-vous à son compatriote à Quimper, à l’occasion d’un concert du groupe. Résultat, le bonhomme se retrouve au chant sur une moitié de disque, une poignée de titres qui ont vraisemblablement amené Foster à repenser sa musique pour le meilleur, de l’épure atmosphérique du superbe et aérien A Collapsing Light à la fièvre mélodique du single Forgiveness dont les accords rythmiques convoquent le Reckoner de Radiohead, en passant par la progression feutrée d’un Concrete Skies dont la conjonction des larsens dramatiques et du lyrisme tout en retenue des cordes n’est pas sans rappeler Ágætis Byrjun, les deux dernières de ces cinq collaborations venant par ailleurs redonner à la pop romantique une ampleur depuis longtemps déchue, en mode électronique (Wait For Her) comme acoustique (Black Mountain).
La Canadienne Ndidi O enfin complète le casting entre deux instrumentaux d’inspiration plus électrique (Deadwood) ou psychédélique (This Is Not An Exit) voire même légèrement discoïde (Left Turn), apportant comme Maria Q avait pu le faire chez Archive un contrepoint plus troublant sur Pick Your God Or Devil dont les beats trip-hop et les nappes de claviers en clair-obscur se fraient un chemin entre Londinium et le Mezzanine de Massive Attack. Robin Foster, c’est certain, est resté coincé quelques part à la fin des années 90, lorsque l’ambition instrumentale des rénovateurs de Bristol culminait à son paroxysme, et malgré les multiples références musicales qui émaillent Where Do We Go From Here, bien à plaindre seront ceux qui oseront lui reprocher cet anachronisme à une époque où les albums mariant grandeur et limpidité mélodique se comptent chaque année sur les doigts d’une seule main.
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