Le streaming du jour #172 : Björk - ’Biophilia’
Tout à la fois divinité de la science à la clairvoyance séculaire née de l’imaginaire collectif et jeune érudite curieuse d’explorer les couches supérieures d’un univers spirituel où chaque être et chaque chose ont leur symbolique propre, Björk et son double mythologique incarné par un chœur féminin nous entraînent telle la Promethea d’Alan Moore de chemins kabbalistiques (Cosmogony) en allégories astrales (Moon) au long de cet ambitieux Biophilia, qui n’aura décidément pas besoin d’application Apple pour révéler toute la profondeur de sa sagesse cosmique.
Premier à être mis officiellement dans le secret des dieux, c’est NPR qui lève le voile sur cette nouvelle création de l’Islandaise, sans nul doute son album le plus épuré et spacieux à ce jour. Le plus libre aussi, tant chaque chanson semble s’affranchir à sa manière des notions de couplet/refrain (l’insaisissable Sacrifice), de rythme (l’explosion breakcore inattendue de Crystalline, l’impressionnant Mutual Core et sa mutation de ballade néo-médiévale en moteur à combustion post-industriel) ou même d’instrumentation (un hybride du gamelan asiatique et du célesta appelé gamesta et contrôlé par le biais d’un iPad, une harpe réagissant à la gravité, une bobine de Tesla modifiée et autres pendules géants se mêlant le plus naturellement du monde aux cuivres, aux beats-battements-de-cœur et autres nappes électroniques) pour s’inventer un espace propre : parfois étrangement serein (l’arythmique Thunderbolt et sa mélodie d’orgue synthétique), paradoxalement bienveillant (Virus) ou sobrement inquiétant (Dark Matter) voire carrément avant-gardiste et atonal (la progression martiale d’Hollow qui réinvente la musique sérielle à l’ère de la postmodernité) mais jamais totalement abscons.
Car Biophilia est ce pont rêvé depuis Medúlla entre la chair, l’imaginaire et l’inconscient qui sait parler au corps comme à l’esprit, capable de coller le frisson aux plus aguerris des amateurs de musique extrêmes ou de faire rêver le plus pragmatique des matérialistes. Une galaxie à lui tout seul ?
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