Alors que l’on peut enfin se procurer la compilation du label Arbouse Recordings, Erik Satie et les Nouveaux Jeunes sur laquelle il apparaît aux côtés notamment de Nils Frahm et Peter Broderick, ce sont justement ces deux musiciens amis de longue que l’on retrouvera dans quelques semaines au générique du nouvel opus du californien Dustin O’Halloran désormais basé tout comme eux à Berlin.
Marquant la signature du compositeur et pianiste chez FatCat - via une nouvelle division 130701 consacrée aux musiques orchestrales ou néoclassiques - après deux premiers albums pour piano solo parus chez Bella Union en 2004 et 2006 (année de sa révélation auprès du plus grand nombre via ses Opus 17, 23 et 36 présents sur la BO du Marie Antoinette de Sofia Coppola), Lumiere devrait signifier un tournant dans sa discographie à en juger par les longs extraits d’ores et déjà disponibles à l’écoute sur le site du label. On peut en effet y entendre pour la première fois une subtile influence de l’électronique mais également les drones de guitare ambient d’Adam Wiltzie (Stars Of The Lid, Aix Em Klemm), le violon de Broderick donc et des arrangements de cordes interprétés par le ACME Quartet (Grizzly Bear, Owen Pallett, Nico Muhly...) avec lequel l’auteur du récent et superbe live Vorleben nous offre par ailleurs en bonus une relecture majestueuse de son Opus 37 extrait de Piano Solos Vol. 2 :
Quant à Nils Frahm, il apparaît en tant qu’ingénieur du son, l’Islandais Jóhann Jóhannsson des excellents Apparat Organ Quartet se chargeant du mixage devenu nettement plus complexe comme on l’imagine à découvrir ce goût nouveau pour des textures densifiées et une grandeur orchestrale qui promet de rappeler Max Richter (habitué du même quartette d’ailleurs) dans ses passages les plus élégiaques, forcément contrebalancés ici au regard du titre de l’album par des envolées plus lumineuses.
Enregistré entre Berlin (dans l’ancienne église Grunewald sur un piano viennois Bösendorfer), New York et l’Émilie-Romagne, région rurale d’Italie où il a longtemps vécu et où il a pu user d’un piano suisse Sabel restauré des années 20, O’Halloran s’est évidemment inspiré de ces différents environnements plus ou moins familiers pour composer Lumiere, mais également des couleurs qu’ils évoquent à sa sensibilité synesthésique. "D’une certaine façon en composant j’ai toujours envisagé mon travail à la façon d’un peintre, ajoutant des couleurs, une texture, de l’espace", explique-t-il. D’où sans doute cette envie d’étendre la palette de ses possibilités sur ce nouvel opus à paraître le 28 février de ce côté-ci de l’Atlantique.
En attendant, on se quitte en musique avec un set d’une quarantaine de minutes enregistré en septembre dernier lors du festival hollandais Incubate, et essentiellement constitué de ces pièces mélancoliques ou parfois plus romantiques issues des deux Piano Solos.