Brian Eno en 2010, ça n’est pas que l’hymne braillard des Mgmt virés cancres d’un revival psyché-prog-bubblegum. En effet c’est aujourd’hui que sort outre-Atlantique le successeur d’ Another Day On Earth, premier album en 5 ans de cette figure majeure de l’ambient qui atterrira dans les bacs chez nous le 15 novembre prochain.
C’est Warp qui se charge de distribuer ce nouvel opus, une manière sans doute pour le label anglais décrié ces dernières années pour ses signatures pop de renouer avec l’esprit pionnier de ses débuts, et pour Eno de signifier après quelques errances que sa contribution à la musique moderne est toujours d’actualité, ce dont on peut d’ores et déjà juger à l’écoute d’un premier extrait 2 Forms Of Anger particulièrement dark, tendu et percussif et dont le final va jusqu’à convoquer l’électricité dissonante des guitares du noise rock :
Deux autres titres, Horse du même acabit en plus synthétique et Emerald And Stone dans une veine plus proche des méditations éthérées qu’on lui connait sont écoutables en page d’accueil du site officiel du musicien, où l’on peut également précommander le disque dans ses différentes éditions dont une limitée et une collector présentant en bonus quatre titres inédits sur un second CD.
Auteur d’une poignée de thèmes d’ambient électro-acoustique pour la bande originale de Lovely Bones l’an dernier, Brian Eno s’est appuyé sur cinq compositions non retenues pour le film de Peter Jackson figurant aujourd’hui parmi les 15 titres de ce Small Craft On A Milk Sea. Envisagé comme un film sans images, l’album a été enregistré avec deux proches collaborateurs dont les jams récurrents avec le compositeur anglais ces dernières années au sein de son projet scénique Pure Scenius (avec aussi le trio australien The Necks et Karl Hyde du groupe Underworld) ont conduit à ce résultat plus dynamique et organique qu’à l’accoutumée : le guitariste et ingénieur du son Leo Abrahams déjà croisé à la production de l’album Everything That Happens Will Happen Today avec David Byrne en 2008, et le compositeur de musique électronique Jon Hopkins, lui-même auteur l’an dernier du prometteur Insides dont le single Vessel bénéficie depuis peu d’une superbe vidéo dans sa non moins superbe version remixée par Four Tet :
Enfin, dévions un peu du sujet pour noter la constance dans l’excellence d’un autre pionnier plus discret de l’ambient moderne, dont les expérimentations avec le son du didgeridoo à la fin des années 80 n’auront pas manqué d’inspirer les débuts d’Aphex Twin notamment : l’américain Steve Roach, précurseur du tribal-ambient voire à sa manière de la trance et dont le dernier opus en solo Sigh Of Ages, entre autres collaborations menées à bien cette année, comblera à n’en pas douter les amateurs de nappes rêveuses et méditatives sur près de 80 minutes.