Inara George - All Rise
Bienvenue dans un petit monde enchanté, un monde où Elliott Smith, réincarné en musicienne power-pop, croiserait le fantôme de Billie Holiday et une soeur cachée de Björk chantant du Tim Buckley, un univers onirique qu’on visiterait en 42 minutes mais qu’on n’aurait jamais totalement fini d’explorer... le petit monde d’All Rise, premier album d’Inara George, d’ores et déjà révélation de l’année.
1. Mistress
2. Fools Work
3. Genius
4. No Poem
5. What A Number
6. Fools In Love
7. Good To Me
8. Pull Things
9. Turn On/Off
10. Day
11. Everybody Knows
Sorti aux Etats-Unis depuis près d’un an et demi maintenant, ce premier essai de la charmante américaine au talent tout sauf insolent (à voir l’humilité de la demoiselle sur disque comme sur scène), en forme de réussite sans faille aussi brillante et maîtrisée qu’inattendue, est officiellement disponible chez nous depuis le 18 mai dernier. Fruit de la collaboration de la chanteuse avec le guitariste et compositeur de bandes originales Michael Andrews, à qui l’on doit entre autres les BO très réussies de Cypher et Donnie Darko (et son fameux Mad World chanté par Gary Jules), il rassemble 11 pépites denses et intenses, interprétées notamment par des musiciens de Beck et Ben Harper.
L’influence d’Andrews sur le son de l’album est capitale (cf. par exemple Fools Work et ses touches discrètes de piano en écho dignes de la BO de Cypher ), mais n’enlève rien à l’exceptionnelle personnalité de compositrice, songwriter et chanteuse d’Inara, dont la maturité musicale est déjà pleinement affirmée ici.
Fille de Lowell George, frontman du groupe Little Feat, elle a baigné très jeune dans une ambiance bohème et créative et se dit très inspirée par le théâtre de Shakespeare. Elle a fait ses premières armes au sein des formations Lode puis Merrick, groupe plébiscité il y a quelques années par la réputée station radio KCRW, et qui faisait partie de la scène musicale de Silverlake, avec notamment les Black Rebel Motorcycle Club, Devendra Banhart et Midnight Movies.
Comme chez Banhart justement, un amour revendiqué pour Nick Drake irradie sur chaque morceau d’une guitare acoustique omniprésente au folk souvent coloré (par exemple de jazz manouche sur Fools Work). Mais dès le somptueux Mistress, sans nul doute l’une des plus belles ouvertures d’album entendues cette année, le ton est donné : rythmique lo-fi, touches électro, enveloppe sonore évoquant une plongée évanescente dans un rêve éveillé, mélancolie, ruptures et envolées oniriques, chant jazzy, clavier et apparition finale d’un clavecin dans un tourbillon de lyrisme baroque, on comprend immédiatement que les racines américaines d’Inara George ont sauté à pieds joints dans le futur.
Passé le très beau beau Fools Work donc, c’est le Elliott Smith de Either/Or et XO (Pictures Of Me ou Bottle Up And Explode !) qui est convoqué sur Genius, morceau pop-rock dévastateur tendant par moments vers la power-pop d’un Weezer. Plus tard, on retrouvera des sonorités semblables dans Turn On/Off, pas loin non plus des plus belles réussites d’une Aimee Mann.
Mais le clavecin est de retour dès No Poem, d’une perfection pop décalée à se damner... là encore on pense à Aimee Mann, mais après What A Number, sans nul doute la meilleure chanson power-pop jamais composée et écrite, toute en ruptures de ton et de son, il faut se rendre à l’évidence : la charmante Aimee est laissée loin, très loin derrière, et c’est à côté du Rough Dreams de Shivaree que l’on rangera All Rise. Et quelles harmonies vocales ! Sans doute l’influence des collaborations chantées d’Inara avec Van Dyke Parks, ami de son père et ancien collaborateur de Brian Wilson, n’y sont-elles pas étrangères...
A peine le temps de nous remettre de nos émotions que résonne Fools In Love, et déjà la mélancolie au lyrisme contenu de sa guitare morriconienne nous emporte irrésistiblement telle une chute dans un puits sans fond. Et l’on se reprend à penser aux duos charismatiques de la belle avec Matthew Caws sur cette chanson lors des concerts de Nada Surf dont elle assurait avec le claviériste John Wood les lumineuses premières parties...
- Inara George et Michael Andrews
On croit alors avoir tout entendu, et pourtant la seconde moitié de l’album sera tout aussi remarquable. Pop-folk et retour du clavecin pour une ambiance baroque à la Tim Buckley sur Good To Me, puis clavecin toujours sur Pull Things, ballade aux envolées célestes à hauteur du meilleur d’Emiliana Torrini, laissent place au Turn On/Off sus-cité puis à A Day, pure ballade folk aux fines touches country et jazz. Avant un final de toute beauté sur les arpèges électro d’Everybody Knows, dont l’ambiance céleste n’est pas sans rappeler celle du Motion Picture Soundtrack qui clôturait magnifiquement le Kid A de Radiohead.
Et c’est à ce moment qu’on appuie à nouveau sur la touche lecture, pour replonger aussi sec dans cet album de rêve...
Site officiel : http://www.inarageorge.com
Inara George sur Myspace : http://www.myspace.com/inarageorge
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