Trent Reznor, ou l’homme devenu extrêmement productif dès lors qu’il délaissa ses diverses addictions... Ainsi, s’il avait fallu attendre cinq ans entre The Downward Spiral et The Fragile, et un de plus encore entre ce dernier et With Teeth, il nous avait offert le passionnant Year Zero, le quadruple album instrumental Ghosts I-IV et le trop doux The Slip en l’espace d’un an seulement, entre avril 2007 et mai 2008.

Mais voilà, cette hyperproductivité a eu ses limites, Trent Reznor sombrant volontiers dans la redite sur The Slip. L’américain aura néanmoins su en prendre acte et se faire discret depuis ces deux années. Et alors que les plus impatients des fans attendaient de pied ferme un nouvel album de Nine Inch Nails, c’est finalement dans le cadre d’un nouveau projet que Reznor occupe de nouveau l’actualité musicale.

Si ce dernier avouait avoir passé des journées entières pour trouver le nom peu banal - et légèrement flippant - de Nine Inch Nails, gageons que la réflexion fut moins intense ici, celui de How To Destroy Angels étant directement inspiré du titre du premier EP du groupe Coil paru en 1984.

Sans s’étendre sur les - désormais - habituelles conditions de commercialisation des productions de Trent Reznor, rappelons simplement que l’EP est d’ores et déjà en téléchargement gratuit sur le site du groupe, avant sa sortie en CD prévue pour le 6 juillet. Quand au contenu du disque en lui-même, quel est-il ?

Avouons-le nous d’emblée, cet EP composé de six titres ne marque pas une évolution frappante dans la musique de Trent Reznor. Ainsi, la boîte à rythmes de Only, titre présent sur With Teeth a certainement inspiré Fur Lined, troisième morceau de cet EP, et la patte Reznor est de toute façon reconnaissable entre mille, si bien que cet album est conforme à ce qu’on pouvait attendre d’un collectif formé par le natif de Pennsylvanie.

Néanmoins, il faut bien avouer que l’absence de Reznor au chant, excepté ponctuellement sur Parasite, au profit de la voix de Mariqueen Maandig suffit, notamment sur The Space In Between ou The Believers, à donner des accents bristoliens (ne serait-ce que par le timbre féminin et cette boîte à rythmes si particulière) dès lors que les arrangements se font moins marqués.

Pour autant, How To Destroy Angels est loin d’être un groupe de trip-hop, il s’agit toujours, le naturel de Trent Reznor et Atticus Ross à la production oblige, d’un rock industriel bien trempé. Les ingrédients faisant la réussite de Nine Inch Nails sont ici réemployés selon une recette légèrement différente. Néanmoins, comme bien souvent chez NIN, l’album se termine par une ballade bien moins naïve qu’elle n’y paraît de prime abord. Sur A Drowning, la voix de Mariqueen Maandig est moins bidouillée que sur le reste de l’album, le piano de Trent Reznor moins dépouillé, et l’on obtient sans doute là le morceau le plus réussi de cet EP.

Un EP qui aurait donc parfaitement pu être réalisé par Nine Inch Nails tant la comparaison est constamment évidente, ce qui suffira à résumer les forces (réussir un nouveau projet tenant la dragée haute à NIN n’étant pas chose aisée) et les faiblesses (où est l’intérêt de se lancer dans une formation parallèle pour faire quelque chose de si proche ?) de ce nouveau projet...