múm - Sing Along to Songs You Don’t Know
Après deux ans d’un périple studio entrepris depuis leur Islande natale jusqu’en Estonie, la bande à Gunnar Örn Tynes et Örvar Þóreyjarson Smárason nous revient avec de nouvelles ambitions.
1. If I Were A Fish
2. Sing Along
3. Prophecies & Reversed Memories
4. A River Don’t Stop To Breathe
5. The Smell Of Today Is Sweet Like Breastmilk In The Wind
6. Show Me
7. Hullaballabalú
8. Blow Your Nose
9. Kay-Ray-Kú-Kú-Ko-Kex
10. Last Shapes Of Never
11. Illuminated
12. Ladies Of The New Century
Un vent d’air frais, ou chaud c’est selon, semble souffler actuellement sur l’Islande. Jamais la musique de cette île isolée n’était apparue aussi enjouée et colorée. Après le dévergondage de Sigur Rós l’été dernier, et le batifolage de Sin Fang Bous en ce début d’année, c’est au tour de múm d’ajouter un peu d’épices à son répertoire. Le réchauffement climatique aurait-il fait pousser quelques fleurs bleues en terres hostiles, ou bien est-ce la crise économique particulièrement néfaste à ce pays qui pousse les artistes à amener un peu de gaieté dans leur monde givré ?
Toujours est-il que múm suit le courant actuel qui envahit cet eldorado musical et poursuit le chemin logique de leur discographie, qui, il y a deux ans, les avait vus faire un premier pas vers une musique plus libérée. Les sonorités électroniques continuent donc à laisser de plus en plus place à des ingrédients acoustiques, perdant de ce fait la part de mystère qui se dégageait des ambiances plus artificielles pour adopter une musique plus naturelle et donc plus sensitive. Sing Along to Songs You Don’t Know se vit ainsi comme une véritable invitation au voyage en terrain local et nous ouvre la possibilité de faire appel à tous nos sens. Suivez le guide et laissez votre imagination vous faire ressentir les senteurs d’un air iodé émanant des eaux sereines d’un If I Were a Fish introductif qui vous accueille d’un léger souffle au creux du cou. Laissez-vous envahir par le foisonnement visuel et auditif du microcosme d’une rivière avec A River Don’t Stop to Breathe. Ou rejoignez la terre ferme pour vous laisser aller à un instant folk au bon goût de fumé autour d’un feu de camp sur The Last Shapes of Never. Les portes ouvertes à la rêverie sont nombreuses, le groupe a su évoluer pour nous proposer quelque chose de plus vivant sans pour autant flirter avec le danger de perdre en originalité ; la force conductrice de múm étant peut-être de donner une touche enfantine à des compositions pourtant souvent très complexes.
Les choses restent malgré tout très cadrées, nous sommes en Islande sans le moindre doute, et des titres comme Hullaballabalú (dont l’entrain de la batterie fait fortement écho à celui prisé par Sigur Rós) ou le festival d’onomatopées Kay-Ray-Kú-Kú-Ko-Kex sont là pour le rappeler. Des morceaux particulièrement rythmés auxquels nous sommes peu habitués mais qui ne font pas figure de cas isolés puisque Prophecies & Reversed Memories ou The Smell of Today Is Sweet Like Breastmilk in the Wind et leurs folles percussions poussent l’expérience encore un peu plus loin.
Autant de dénominations biscornues et à rallonge qui laissent entrevoir les velléités distrayantes d’un groupe qui n’oublie pourtant pas sa qualité première, celle de nous bercer par de douces mélodies et de leur insuffler une légèreté toute particulière. A ce titre, des morceaux comme Show Me ou Blow Your Nose bénéficient d’arrangements délicats qui se marient parfaitement avec les voix de Gunnar Örn Tynes mais surtout de Hildur Guðnadóttir (dont l’album solo sorti cette année nous a enchantés) et de Sigurlaug Gísladóttir, les recrues de choix de cette nouvelle session d’enregistrement ainsi que de la tournée actuelle.
Après tant de noms indigestes vient le temps d’arrêter les frais et de conclure sur ce cinquième album qui va inévitablement engendrer son lot de nostalgiques de la période Finally We Are no One. Et pourtant c’est d’une véritable réussite dont il est question, celle d’un groupe qui a su se reconstruire (le départ des jumelles Valtýsdóttir n’ayant probablement pas été simple à gérer) et maintenir un cap bien défini au sein d’une discographie évolutive et de haute tenue. Sing Along to Songs You Don’t Know constitue, dans un parfait équilibre, une véritable ode à la vie et offre, à qui s’accorde le temps d’y succomber, une petite échappatoire paradisiaque.
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