The Phantom Band - Checkmate Savage
Une des plus belles intrigues de ce début d’année 2009 tient en deux appellations aussi sombres que mystérieuses, résonnant déjà telle une déflagration de l’autre côté de la Manche : The Phantom Band et son Checkmate Savage.
1. Howling
2. Burial Sound
3. Folk Song Oblivion
4. Crocodile
5. Halfhound
6. Left Hand Wave
7. Island
8. Throwing Bones
9. Whole Is On My Side
Il se murmure déjà que cette énigmatique formation écossaise naissante pourrait être une des révélations les plus fracassantes de cette rentrée, armée de son premier album enregistré sous la houlette de Paul Savage (The Delgados). Un baptême du feu à l’intitulé adopté en guise de clin d’œil non dissimulé à l’excellent travail d’un producteur qui a déjà œuvré avec succès en terre nord-britannique et en particulier avec Mogwai.
On ignore encore les détails de la genèse de cette formation, mais leurs compositions laissent entrevoir le regroupement de diverses personnalités et affinités musicales, dont le fruit s’avère être étonnement goûteux. Un peu comme si par un heureux hasard, les libertés individuelles accordées à chacun menaient à une étonnante vie en harmonie. Les tableaux variés se succèdent sans excès de dispersion, proposant malgré tout de multiples variantes du rock (psyché, kraut, folk). Un menu bien agencé où l’on passe d’embardées totalement instrumentales à des morceaux plus ramassés mais totalement habités par le chant rauque de Richard Princeton. Le constat est clair, Checkmate Savage fourmille de détails qui se révèlent pour notre plus grand plaisir au fur et à mesures des écoutes, et parvient à chaque instant à réunir en parfait accord les idées les plus farfelues.
Le sextet nous met d’abord l’eau à la bouche petit à petit par l’intermédiaire de titres plus qu’honorables, dévoile progressivement sa sombre identité et nous marque au fer blanc grâce à ses morceaux les plus remarquables. A titre d’exemple nous pouvons extraire du lot Folk Song Oblivion au sein duquel les guitares s’alourdissent et s’accompagnent de notes de clavier qu’on croirait tout droit extraites du Sister Ray du Velvet Underground.
Autre morceau de choix, Crocodile pourrait être la parfaite illustration musicale d’un monstre que l’on imagine titanesque, attendant sa proie patiemment, gueule grande ouverte, avant de nous happer violemment pour ne plus nous lâcher. La bête impitoyable nous accorde finalement un sursis et nous abandonne un peu plus loin, fort esquintés, sur son Islands, échappatoire folk, la pièce la plus longue de l’album mais aussi la plus apaisée et en tout point bienvenue à ce moment-là du parcours.
Et c’est lorsque l’on pense avoir eu droit à ce que ce premier opus pouvait nous offrir de meilleur, que celui-ci deviendrait presque indécent en nous proposant sa pièce maîtresse : Throwing Bones. Un titre qui frôle la perfection du bout des doigts, jouissant de la complexité d’un grand vin dont les premières notes rock presque familières laissent place à un moment d’harmonie vocale inédit aux surprenants accents gospel. Et ce n’est pas la multitude de guitares distillées avec parcimonie, apportant finesse et relief, qui viendront ternir le résultat du plus beau bijou de cet album.
The Phantom Band invoque quelques esprits appartenant plus ou moins au passé, Joy Division ou The Beta Band étant déjà sur le coin de beaucoup de lèvres. Mais la saveur d’ensemble inédite et plus alambiquée rappelle tout autant, si ce n’est plus, un certain Thirteen Tales from Urban Bohemia qui vit en son temps The Dandy Warhols accoucher d’un album aux intentions comparables. Seulement là où les américains étaient déjà forts de 2 précédents opus, les six écossais affichent déjà une belle maturité et nous laissent penser que le relatif silence médiatique qui les concerne pourrait rapidement s’estomper.
Quand je regarde autour de moi c’est un véritable chantier. J’ai fouillé, retourné, décortiqué dans tous les sens les nombreuses sorties qui ont rythmé cette année 2009 et ai laissé une vraie pagaille. Heureusement dans un petit coin, sur un piédestal, se situent dix albums que j’ai pris soin de bichonner et pour lesquels j’ai stoppé ma frénésie passagère (...)
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