The Black Angels : Sgt. Pepper’s american psychedelic club band.
The Black Angels est LE groupe le plus jouissif du moment. Si, pendant les deux dernières années, vous êtes passé à côté de ce combo texan qui pourrait bien être aussi culte que The Doors, The Velvet Underground, Spacemen 3, j’en passe et des meilleurs, c’est seulement pour une des deux raisons suivantes :
1) pour des raisons uniquement masturbatoires, vous êtes devenus sourds.
2) pour des raisons purement sado-masochistes, vous souhaitez n’écouter que de la mauvaise musique et à ce titre ne lisez pas notre MagIndieRock.
Pour les autres, celles et ceux qui ont pu apprécier le génie de The Black Angels le temps du magique Passover (lire notre chronique), on a une très bonne nouvelle : la formule du toujours très difficile second album ne s’applique pas à Directions To See A Gost.
Alex Maas, le chanteur barbu, et Christian Bland, le guitariste aux cheveux longs, nous racontent comment ce second album est né, nous parlent de leur passion pour The Beatles et d’un projet solo de Christian pour l’automne prochain : "Guettez le Pig Boat Blues qui va sortir cette année. 45 minutes de folie psyché d’inspiration dronadélique !!!"
En attendant, partons en Directions To See A Gost.
Lors de la dernière interview du groupe pour notre webzine, en février 2007, vous nous aviez confié que beaucoup de titres pour ce deuxième album étaient déjà écrits. Or l’enregistrement n’a eu lieu que l’hiver dernier. Aviez-vous besoin de temps pour peaufiner encore vos morceaux ? Vous ne les sentiez pas prêts à être couchés sur disque ?
Alex Maas : Les chansons ont évolué pendant la tournée, et d’une certaine manière certaines étaient prêtes, d’autres attendaient de s’épanouir. L’autre problème était que nous n’avons pas eu le temps de retourner en studio pour arranger les autres chansons que nous avions écrites. Le temps a été un obstacle.
Christian Bland : 6 des chansons du nouvel album ont été enregistrées en fait en mai 2006, et les autres dans le courant de 2007. On a été très occupés par notre tournée, et il y a eu des soucis avec le label qui nous a empêchés de sortir le 2ème album en 2007. Si tout s’était bien déroulé, il serait sorti en été ou à l’automne 2007… Mais vu qu’on avait du temps supplémentaire nous avons pu peaufiner les chansons et les faire sonner exactement comme nous les voyions.
On sent sur votre nouvel opus qu’il y a eu une grosse envie de travailler les détails : vos morceaux sont d’une richesse instrumentale incomparable, beaucoup de soins ont été apportés aux arrangements et le chant est aussi irréprochable. A qui doit-on ce travail minutieux ? Le producteur ?
A.M. : Nous sommes nos propres producteurs. Merci pour les compliments !
C.B. : L’album a été enregistré sur une période de plus d’un an et demi, ce qui nous a laissé beaucoup de temps pour arranger les chansons et les modeler pour obtenir ce que nous entendions dans nos têtes. Je pense qu’on voulait tous ça, même Erik Wofford, notre producteur et ingénieur du son.
A l’image de Spacemen 3, du Velvet Underground, à leur moment de gloire, on retrouve avec votre nouvel album cette volonté d’enregistrer un album intense, du premier au dernier morceau, de créer une ambiance générale, une atmosphère qui identifie tous vos morceaux. Et non pas de réaliser un album qui serait construit autour de deux ou trois singles. Etait-ce cette ambition qui vous animait lors de l’enregistrement de Directions To See A Ghost ?
A.M. : Je pense que notre but a été de faire un disque genre Abbey Road, donc ça c’est peut être terminé comme un Sgt. Pepper. Dans la continuité, ce n’était pas vraiment intentionnel. Désolé de la diversion de Velvet Underground et Spacemen 3.
C.B. : Sur cet album, notre vision était de faire un seul morceau qui flotterait de manière continue plutôt que plusieurs singles. Quand j’étais gamin j’ai entendu Sgt. Pepper dans la collection de disques de mon père et j’ai toujours voulu faire quelque chose comme ça, une collection de chansons qui reviennent toujours au même thème.
Plus d’instruments à connotation psychédélique sont présents sur cet album, notamment une cithare sur le beau titre Deer-Ree-Shee. A qui doit-on la présence de ces nouveaux instruments ?
A.M. : Se mettre des limites c’est gênant vu que nous sommes un groupe qui envisage toujours de se dépasser. Et qui n’aime pas un sitar ou un harmonium de temps à autre ?
C.B. : Notre ami Rhisi Dhir (qui a fait partie du groupe de Montréal The High Dials) est venu et a joué du sitar sur cette chanson. Je crois qu’il est venu en studio avec nous en mai 2006. Les Beatles utilisaient des sitars, alors nous aussi on voulait en utiliser. Nous aimons tous les instruments indiens, c’est donc venu naturellement. On a aussi utilisé un harmonium et un tampura.
Pas de véritable single au sens commercial du terme sur ce nouvel opus, contrairement à Passover et son Black Grease. On se doute bien qu’il ne s’agit pas d’un problème d’inspiration. Pensez-vous que Directions To See A Ghost va en pâtir ?
A.M. : Je pense que toutes les chansons de l’album feraient de parfaits singles.
C.B. : Oui, je crois qu’il y a des singles potentiels. N’importe laquelle des chansons pourrait être un single pour moi aussi. Light My Fire faisait bien 7 minutes.
On connaît la passion du groupe pour Pink Floyd et Syd Barrett en particulier. Le titre de ce nouvel album, Directions To See A Ghost, en est-il inspiré, comme une envie que son fantôme vienne vous rencontrer et vous apporter la substantifique moelle musicale : un peu de son génie ?
A.M. : Je pense qu’on peut l’interpréter ainsi, c’est une vue intéressante !
C.B. : Non, mais je pense que c’est une explication intéressante.
Je crois que les fantômes d’Arthur Lee et de Syd Barrett étaient présents dans le studio et nous dirigaient. Mais le titre vient de l’idée selon laquelle on souhaite donner des directions pour voir au-delà de la réalité. Les gens sont ligotés, on espère pouvoir les libérer des chaînes dont ils ignorent l’existence.
Alex, vous êtes le principal chanteur du groupe. Ecrivez-vous vos textes vous-même ? Quels sont les thèmes de prédilection de vos paroles ?
A.M. : Les choses importantes ou sans grand intérêt. Je prends mon inspiration dans un brin d’herbe ou un couteau ! Nous pensons tous que les gens devraient penser par eux mêmes, et toujours rechercher à s’informer et à apprendre. Je puise aussi mon inspiration dans la musique elle-même, ainsi que dans mes amis et ma famille.
Dans quelles conditions êtes-vous le mieux à même de trouver l’inspiration ? Et d’où vient-elle principalement (lecture, société...) ?
A.M. : Dans notre cas, je ne pense pas qu’il y ait un parfait moyen de trouver l’inspiration. Mais s’il fallait trouver une source, je dirais dans les mondes reculés qui existent.
C.B. : Pour moi c’est lire des livres, écouter de la musique, garder un oeil sur ce qui se passe dans le monde, et être un observateur quotidien des humains. Des fois je ne fais que rester chez moi toute la journée, c’est bon d’être seul. Je crois que je suis le plus créatif quand je suis tout seul sans personne pour me déranger.
Christian Bland, vous prenez part au chant sur cet opus le temps de The Return. Ce fut le cas sur Passover avec Call To Arms. Comment se déroule cette passation du micro ?
C.B. : Ça arrive naturellement. Alex est le chanteur principal, et de toute façon je préfère me concentrer sur la guitare, alors je ne chante pas beaucoup. Néanmoins, j’écris beaucoup de chansons, je veux dire j’écris la musique et les paroles… c’est pourquoi j’ai enregistré un disque solo. En fait j’ai enregistré avec Greg Ashley à Oakland en octobre 2007. Avec un peu de chance il sortira à la fin de l’année. Mais certaines chansons pourraient se retrouver sur le troisième album des Black Angels. Je vais continuellement de l’avant, je ne peux pas me contenter de rester assis et d’attendre.
A.M. : C’est très simple. Il y a des chansons que Christian veut chanter et d’autres non. Nous chantons tous et vous pouvez vous attendre à voir apparaitre Christian et Nate encore un peu plus sur les albums à venir.
Quel est votre titre préféré sur Directions To See A Ghost ? Et pourquoi ?
C.B. : C’est trop dur… Je ne peux pas sortir une seule chanson. Pour moi c’est le travail dans son intégralité qui fait l’album. Je crois que Snake In The Grass est pas mal…
A.M. : Pour moi, c’est The Return : elle ressemble à une chaude nuit texane.
Christian, vous avez suivi des études en art graphique. Vous avez signé la pochette de Passover en vous inspirant de l’affiche officielle des Jeux Olympiques de Mexico de 1968. Quelle a été votre source d’inspiration pour la pochette de Directions To See A Ghost ?
C.B. : Mon but, c’était que le design du disque ressemble au son qu’il a. Je voulais que ce soit comme si on regardait le soleil.
A.M. : Et surtout conserver le psychédélique.
Même si, à ce jour, vous n’avez pas fait beaucoup de concerts en France, The Black Angels est surtout un groupe de scène. Quelles émotions vous procurent les concerts, quand vous vous trouvez face à votre public ?
C.B. : Nous aimons combler tous les sens avec une expérience multimédia complète. Tout cela a été inspiré par les premiers Pink Floyd et l’Exploding Plastic Inevitable (NdT : spectacle d’Andy Warhol avec le Velvet Underground au début des sixties). Nous voulions hypnotiser le public avec nos visuels et notre musique, le soustraire à cette réalité et fabriquer la nôtre.
A côté du site MySpace du groupe, on trouve plein de sites satellites, je pense notamment à celui portant le nom de www.myspace.com/TheVietMinh. Quelles sont les finalités de ce site ?
C.B. : Le Viet Minh c’est Nate, Alex et moi. Ça nous est venu en 2006, on était assis tous les 3 dans la maison avec rien à faire, pendant que Stephanie était au boulot, et on a commencé à jouer ensemble, et le projet est né de cela. C’est plutôt un réservoir d’idées pour des chansons futures des Black Angels.
Pour rester sur ce site communautaire, les fans ont pû voir et aller sur celui de Christian (www.myspace.com/thechristianbland). Est-ce là un signe avant coureur d’un éventuel projet solo du guitariste de The Black Angels, en parallèle du groupe et/ou doit-on l’interpréter comme un simple divertissement musical ?
A.M. : Christian est un auteur incroyable qui saigne de créativité. Je pense que la chose la plus triste pour un musicien comme lui serait de mourir avec des tonnes de chansons restées à l’intérieur.
C.B. : Comme je le disais plus tôt, j’écris tout le temps de nouvelles chansons. Il y en a trop pour attendre le prochain album des Black Angels, alors j’avais besoin d’un autre groupe. Guettez le Pig Boat Blues qui va sortir cette année. 45 minutes de folie psyché d’inspiration dronadélique !!!
Traductions : Annaïck et Lloyd_cf. Un grand merci à tous les deux.
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