A l’heure où fleurissent les formations pop superficielles et surcôtées à la Vampire Weekend, une culture de l’immédiat vite consommé (de préférence en singles) vite jeté entretenue par Pitchfork et consorts avec leur obsession de la chasse aux nouvelles têtes qui les mènent à s’extasier devant le moindre gimmick piqué au prog ou à la world music par des gandins de moins de 20 ans en oubliant déjà ceux qu’ils avaient intronisés "nouveau meilleur groupe du monde" six mois plus tôt, on défendra avec d’autant plus de passion les mal-aimés Louis XIV, combo californien qui demeure en France l’un des secrets les mieux gardés du rock américain actuel.

Car pour ce troisième opus, on a droit à pas moins de 11 chansons tubesques à la hauteur des sommets de l’album précédent paru en 2005, l’excellent The Best Little Secrets Are Kept . 42 minutes d’une richesse mélodique inouïe, pleines de sueur et de larmes, d’arrangements au lyrisme crève-coeur mais jamais débordant et d’harmonies vocales de purgatoire à coller le frisson.

Flamboyant, ironique, lubrique par pudeur de grand sentimental, maniéré par jeu, toujours touchant et parfois davantage (cf. le vibrant Air Traffic Control, l’hymne soul Tina ou un Hopesick à fleur de peau), sauvage et précieux, heavy et ciselé, guitar-héroïque juste ce qu’il faut mais surtout incroyablement addictif, autant d’adjectifs qui collent comme une seconde peau ce coup de maître du groupe de faux dandys emmené par Jason Hill. Espérons donc que l’album ne passe pas l’année à courir après un distributeur français, mais pour parer à toute éventualité on vous conseille fortement l’import (il y en aura pour toutes les bourses) car cette petite merveille en vaut amplement la chandelle.