David Sylvian - Blemish

1. Blemish
2. The Good Son
3. The Only Daughter
4. The Heart Knows Better
5. She Is Not
6. Late Night Shopping
7. How Little We Need To Be Happy
8. A Fire In The Forest

2003 - Samadhi Sound

Sortie le : 22 mai 2003

Sylvian imparfait et livide mais plus fascinant que jamais

Après pas loin de trente ans de carrière d’abord au sein de la formation glam Japan puis en solo aux côtés de ses amis et collaborateurs Ryuichi Sakamoto, Robert Fripp ou encore Holger Czukay, c’est en 2003 avec Blemish ("imperfection" en français) que David Sylvian livre son album le plus fascinant et difficile d’accès, à défaut d’être le plus riche ou le plus complexe. Première production de son label maison Samadhi Sound, lancé après son départ de Virgin à l’aube des années 2000, l’album permet à Sylvian, épaulé par le guitariste d’avant-garde Derek Bailey et le génie de l’ambient pointilliste Christian Fennesz, également guitariste, de laisser libre cours à ses envies grandissantes d’expérimentation, faisant fi du respect des formats et des contraintes commerciales. Avec des collaborateurs aussi radicaux, ce sont donc les imperfections qui composent la musique, et si le musicien et songwriter anglais semble chanter en apesanteur dans la solitude d’une navette perdue dans le vide de l’espace et en route pour l’inconnu, la navette est fêlée et l’oxygène fuit de toutes parts.

Quatre ans après le magnifique Dead Bees On A Cake , qui fusionnait avec une ampleur peu commune les inspirations jazz, soul, électro, ambient-rock et traditionnelles (notamment japonaise et indienne) du musicien et dont certains morceaux tels le dissonant Dobro #1 ou le splendide Darkest Dreaming final laissaient déjà en partie présager de cette suite déconcertante pour les fans de la première heure, Blemish apparaissait donc comme un album à part dans la discographie pléthorique de Sylvian, une bulle minimaliste mais spacieuse lorgnant sur le drone et la no wave, dépouillée et plus atmosphérique que jamais, écrin idéal pour l’intimité mélancolique et hantée par le regret de ses chansons introspectives aux accents philosophiques, tantôt torturées au son d’une guitare dissonante, tantôt tirées du gouffre par la grâce toute momentanée d’une électronica silencieuse bientôt contaminée par quelque gangrène sonique, mais toujours en parfait accord avec sa voix inhabituellement éteinte, qui ne retrouvera de sa chaleur coutumière qu’avec A Fire In The Forest pour un final paradoxalement apaisé... et apaisant pour l’auditeur rudement éprouvé mais touché au coeur comme rarement.

Deux ans plus tard, Sylvian reviendrait à une inspiration plus pop et à ses amours électro-jazz avec le premier album de son projet collectif Nine Horses, s’entourant pour l’occasion de son frère Steve Jansen et de Burnt Fridman avec Ryuichi Sakamoto au piano et les participations du trompettiste norvégien Arve Henriksen (Supersilent) et surtout de la divine suédoise Stina Nordenstam - dont on espère toujours une suite, annoncée prochaine malgré des ennuis de santé persistants, au bouleversant The World Is Saved paru en 2004 - le temps d’un duo d’ouverture en clair obscur, forcément impressionniste et de toute beauté.


( RabbitInYourHeadlights )

Disques - 03.10.2007 par RabbitInYourHeadlights
 


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On s’attendait à plus facile d’accès qu’un Blemish, or il semblerait que Died In The Wool en écoute ici s’inscrive dans la pleine continuité de ses deux prédécesseurs : aussi majestueux qu’étouffant dans ses passages les plus orchestrés comme dans les plus dépouillés, avec la voix surnaturelle de l’Anglais comme bouée de sauvetage quand elle n’apparaît (...)