Animal Collective - Strawberry Jam
A l’heure de la rentrée des classes, on a déjà repéré les élèves surdoués avec leur tête de premier de la classe (Richard Hawley), ceux bien appliqués qui récitent leur leçon au pied de la lettre voire un peu trop (The Coral), les petits nouveaux aux méthodes de travail peu orthodoxes (Menomena), les élèves dissipés qui viennent juste pour s’amuser et foutre le bordel (Architecture In Helsinki, The Go ! Team). Et puis il y a les petits branleurs surdoués du fond de la classe, ceux qui passent leur temps le nez collé à la fenêtre, l’esprit ailleurs mais de la musique et des rêves plein la tête. Toutes méthodes pédagogiques semblent inefficaces pour les remettre dans le droit chemin mais pourtant à l’heure de la remise des diplômes, ce sont souvent eux qui raflent la mise.
1. Peacebone
2. Unsolved Mysteries
3. Chores
4. For Reverend Green
5. Fireworks
6. #1
7. Winter Wonder Land
8. Cuckoo Cuckoo
9. Derek
Animal Collective est décidément un groupe insaisissable. Après une poignée d’albums expérimentaux et jusqu’au-boutistes on leur avait un peu vite collé l’étiquette de groupe arty new-yorkais au côté de Black Dice, avant de les ranger au rayon freak-folk suite à Sung Tongs, pour finir par les désigner descendants d’une pop psychédélique complètement barrée avec Feels , album beaucoup plus accessible qui leur permit d’élargir leur audience et de quitter leur label d’origine Fat Cat Records pour signer chez Domino. C’est donc sur celui-ci que sort ce mois-ci Strawberry Jam , leur cinquième album qui confirme au moins une chose : Animal Collective est définitivement un groupe hors-normes qu’il serait bien vain de tenter d’enfermer dans une quelconque catégorie.
Le groupe d’Avey Tare et Panda Bear fait exploser une fois de plus toutes les frontières musicales, injecte une bonne dose de mélodies dans ses chansons expérimentales et vient peut-être de pondre son chef d’oeuvre. Sous sa pochette repoussante, Strawberry Jam est un immense disque foutraque, démontrant une liberté de composition totale qui semble ne répondre encore une fois à aucun schéma pré-établi. Le disque démarre très fort avec Peacebone, premier single jouissif aux paroles génialement absurdes qui viennent planter le décor : “A peacebone got found in the dinosaur wing/ I’ve been jumpin in all over, but my views are slowly shrinking/ I was a jugular vein in a juggler’s girl”, mais encore...
La vidéo de Peacebone :
Unsolved Mysteries, morceau plus ambient, vient calmer le jeu avant qu’Animal Collective ne lâche trois morceaux époustouflants rivalisant d’inventivité : Chores, For Reverend Green et Fireworks. La plupart des parties vocales sont ici prises en charge par Avey Tare qui se révèle comme un chanteur totalement habité sans pourtant être dénué d’émotion (le touchant For Reverend Green), laissant Panda Bear assurer la plupart des choeurs. Auteur en solo de l’excellent Person Pitch, sorti en début d’année, Noah Lennox se contente sur Strawberry Jam de marteler sa batterie n’importe comment, en donnant l’impression d’avoir appris à jouer en autodidacte il y a à peine quelques jours. C’est pourtant lui qui conclue superbement le disque avec Derek qui semble prolonger les effluves psychédéliques de son récent album solo. Mais la véritable révélation du disque vient peut être de Geologist, ce barbu au visage de gros nounours attendrissant, qui semble acquérir une importance grandissante dans les nouvelles orientations musicales du groupe, notamment en live. Ses boucles synthétiques hallucinatoires deviennent les pièces centrales des compositions d’Animal Collective comme sur Fireworks, véritable feu d’artifices de sons électroniques venant se percuter les uns les autres.
La vidéo de Fireworks :
En se délestant de ses derniers oripeaux expérimentaux, Animal Collective laisse enfin respirer sa musique et s’ouvre de nouveaux horizons qui s’annoncent passionnants. Avec Strawberry Jam, disque plus accessible que Feels qui souffrait encore de quelques longueurs dispensables, le groupe pourrait même devenir fréquentable sur les ondes radiophoniques avec Winter Wonder Land, tube potentiel de moins de 3 minutes. Mais un tube qui semble comme joué à l’envers, parce que chez Animal Collective on ne donne pas si facilement de la confiture à des cochons.
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