Si pour réaliser Fear, Paul Mosley a fait appel à ses amis et collègues au sein de Moses, Gav Fawcett (à la batterie) et Kathy Dent (au violon), c’est néanmoins son talent propre de songwriter qui explose avec ce premier album en solo, construit tout à la fois comme une tranche de vie narrative (l’agencement de l’album rappelle d’ailleurs ceux d’ Electro-Shock Blues et Daisies Of The Galaxy de Eels, tout comme ses textures sonores un peu hantées, la mélodie d’I’m Not A Dog ou les cuivres majestueux de Dream #1 et Fear, notamment) et l’introspection philosophique d’une âme solitaire tiraillée entre besoin d’ouverture et angoisse des rapports à l’Autre.

Plus lo-fi que les albums de Moses mais nourri des plus beaux arrangements de harpe entendus depuis le Vespertine de Björk (le rapprochement avec la musique de l’islandaise est d’ailleurs évident, jusqu’à l’écriture même, sur le magnifique Underneath Aeroplanes), qui lui donnent par moments de faux airs de musique de chambre, Fear est habité par la mélancolie et les peurs intimes de son auteur mais dégage la même chaleur et la même générosité que les chef-d’oeuvres de Nick Drake, figure tutélaire avec laquelle le chant de Paul Mosley et ses chansons folk-pop éternelles aux allures de classiques instantanés ont également plus d’un point commun (il suffit d’écouter le merveilleux Under The Frozen Ground). Quant à la voix du londonien, certains l’ont déjà comparée à celle d’Antony Hegerty (Everybody Loves A Lover et ses lignes de piano et de chant imposent d’ailleurs ce parallèle), mais tout comme la sienne celle de Paul Mosley est véritablement unique : chaude, profonde et poignante, elle touche au coeur, à l’image de sa musique.

Si l’on ajoute à ça un tube vibrant et lumineux (Paper, Scissors, Stone), un final néo-classique de toute beauté (My Millions) et la promesse d’un avenir musical radieux (moins de trois mois après la sortie de Fear, son successeur vient de paraître, en attendant le troisième, déjà écrit et prévu pour 2008), il se pourrait bien que Paul Mosley soit la révélation pop/folk de cette année 2007. Fear, en tout cas, devrait continuer à faire son bout de chemin dans les coeurs de ses chanceux auditeurs, dont vous ferez bientôt partie si vous vous rendez sur le site officiel de Paul Mosley pour le commander.