Kanye West - Graduation
1. Good Morning
2. Champion
3. Stronger
4. I Wonder
5. Good Life (feat. T-Pain)
6. Can’t Tell Me Nothing
7. Barry Bonds (Feat. Lil Wayne)
8. Drunk And Hot Girls (feat. Mos Def)
9. Flashing Lights (feat. Dwele)
10. Everything I Am
11. The Glory
12. Homecoming (feat. Chris Martin)
13. Big Brother
Sortie le : 10 septembre 2007
Avec Graduation , le rappeur et producteur américain livre peut-être la plus belle semi-déception de cette année 2007. Une déception, car ce qui faisait l’essentiel du charme de ses deux premiers albums, à savoir cette créativité débridée, presque naïve dans sa façon de mêler avec talent, dans un esprit des plus libertaires, une multitude d’influences parfois jusqu’au trop-plein, en refusant de faire la part entre inventivité radicale et recyclage de sonorités plus mainstream, cette profusion particulièrement généreuse, donc, a disparu ici au "profit" de chansons généralement trop longues et de quelques creux en sérieux manque d’inspiration (en tête desquels Good Life, véritable daube r’n’b indigeste et sans âme qui ne laisse pas transparaître une miette du talent de l’auteur de Late Registration ).
Mais une belle déception toutefois, car si sobriété et concision ne réussissent pas encore tout à fait à Kanye West, Graduation ne parvenant pas à retrouver l’accroche de ses réussites précédentes avec leur pléthore de chansons courtes et variées, l’album ne laisse pas moins entrevoir les formidables possibilités d’une écriture plus intimiste de la part du rappeur de Chicago, à travers l’épure parfaite de joyaux tels que Flashing Lights, aux cordes animées d’un souffle presque désespéré, Everything I Am et la douce mélancolie de son piano, ou surtout Homecoming, histoire de séparation provisoire d’où irradie, pleine d’espoir et plus belle que jamais, la voix de Chris Martin de Coldplay.
Dans une moindre mesure, I Wonder, construit il faut dire sur un sample quasi-magique du méconnu Labi Siffre (lequel pour la petite histoire avait refusé à la paire Eminem/Dr. Dre l’autorisation de sampler sa chanson I Got The..., qui devait nourrir leur hit My Name Is, pour cause de "songwriting paresseux"... disons de ceux qui usent de facilité pour se moquer des femmes et des homosexuels, pour être plus précis) ou Drunk & Hot Girls, en duo avec Mos Def et illuminé par la production irréelle du grand Jon Brion, sont également excellents, tout comme Champion, The Glory et même Big Brother, qui renouent modestement avec les sonorités aériennes et autres samples vocaux magiques de The College Dropout ). Autant de morceaux, surtout dans la deuxième moitié d’album, qui se révèlent peu à peu, au fil des écoutes, comme les premiers reflets touchants d’un immature de 30 ans brusquement mûri par le succès.
En effet, si en l’espace de deux ans, la spontanéité des débuts semble s’être en grande partie évaporée (cf. le single Stronger et son sample de Daft Punk, accrocheur au début mais plombé sur la longueur par sa facilité un poil agaçante et ses accents FM assez désagréables), c’est peut-être aussi parce que le temps des désillusions est venu pour l’américain. Au douzième coup de minuit, l’insouciance s’en est allée avec les rêves d’adolescent, et l’heure qui sonne est celle de la maturité que la société et nos proches finissent parfois par nous imposer de force, comme un examen dont on remettait sans cesse la préparation à plus tard, et qui nous prend finalement au dépourvu. La prochaine fois, c’est certain, Kanye West viendra avec ses anti-sèches.
Préparez vos mouchoirs, c’est l’heure de la shitlist (d’avance toutes nos excuses aux défenseurs de l’exception française, on n’avait pas assez de Moltonel pour Paradis et PNL).
Si on avait laissé Kanye West l’an dernier sur la semi-déception d’un troisième album partagé entre maturité d’écriture et créativité inhabituellement bridée, cet inégal Graduation, néanmoins joliment concis et touchant, nous permettait dans ses meilleurs moments d’entrevoir un futur passionnant pour le rappeur de Chicago, devenu en l’espace de quelques (...)
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