(Please) Don’t Blame Mexico - Michel Foucault EP
"Oh no, don’t blame Mexico" chantait Paddy McAloon sur Swoon, le premier album des regrettés Prefab Sprout. La chanson s’appelait "Don’t Sing". Heureusement, Maxime Chamoux n’a pas suivi ce conseil et n’a gardé que cette phrase mystérieuse et aussi une certaine idée de la pop au moment de fonder son groupe.
1- A Weekend At The Black Sea
2- Bribing Lonesome Drivers
3- Michel Foucault (Saved My Life)
4- Your Haters’ Society
On avait découvert (Please) Don’t Blame Mexico en fin d’année dernière par l’intermédiaire de Toy Fight dont le sublime Anagram Dances avait solidement squatté nos platines au moment d’affronter les premiers frimas hivernaux. Le groupe mis entre parenthèses pour un temps, on était parti explorer ses diverses ramifications et autres projets parallèles. On découvrit alors toute une nébuleuse de talents en pleine éclosion prenant ses racines autant au sein de la scène parisienne (Orouni, Mina Tindle, eLdIA...), que de l’autre côté de l’Atlantique (Henry Sparrow, John Hale) et parfois même des deux en même temps (The Limes). Auteur d’un premier EP prometteur, (Please) Don’t Blame Mexico avait également conquit les membres du Mag et du forum avec sa pop enivrante et décomplexée, First Aid Kid terminant même sur le podium des meilleurs singles de 2006 lors du classique référendum de fin année.
Six mois plus tard, le groupe de Maxime Chamoux compositeur au talent de mélodiste indéniable et accessoirement un tiers de Toy Fight revient avec un deuxième format court qui vient transformer brillamment le coup d’essai du premier EP. En quatre morceaux à l’évidence mélodique incontestable, (Please) Dont’ Blame Mexico enchaîne les refrains accrocheurs et les petits airs qui ont ce don rare de rentrer dans la tête, de ne pas la quitter et de rendre le monde extérieur un peu moins sinistre.
Composés au départ au piano, les morceaux sont ici enrichis d’arrangements soignées et complexes qui donnent l’impression que la musique du groupe refuse de suivre une simple ligne droite mais préfère plutôt s’aventurer dans des itinéraires bis, emprunter des chemins accidentés et prendre des virages dangereux. C’est ce refus de la facilité et ce talent pour toujours retomber sur ses pattes qui impressionnent chez (Please) Don’t Blame Mexico.
Difficile alors de mettre une étiquette sur ces chansons espiègles qui ont le don de s’échapper lorsqu’il s’agit de leur coller une influence. Au détour du tubesque Bribing Lonesome Drivers, une batterie qui trébuche et un gimmick joué au clavier évoque inévitablement les Cure de The Head On The Door . Plus loin sur Michel Foucault (Saved My Life), c’est au songwriting complexe de Paddy Mc Aloon des Prefab Sprout que l’on pense dans cette façon baroque d’enchaîner les lignes mélodiques pour atteindre une fluidité étonnante. Pourtant à aucun moment ces influences ne se font trop pesantes et ne viennent masquer l’originalité de la musique de (Please) Don’t Blame Mexico, la faute à une inventivité et une liberté de composition et d’arrangement totales qui voient glockenspiel, choeurs barrés, cuivres et percussions étonnantes cohabiter dans un joyeux foutoir. Sur Your Haters’ Society c’est la complicité parfaite avec Franz S. Lorenzo, membre également d’eLdIA, qui fait mouche, ses riffs de guitare incisifs et impeccables se mariant à merveille avec le jeu de piano subtil de Maxime Chamoux.
Avec ce deuxième EP, (Please) Don’t Blame Mexico vient à nouveau de réaliser un sans faute et d’autres nouveaux morceaux entendus en concert (The Protocol, Baby Undertow, Helmet On...) laissent augurer d’un avenir radieux pour le groupe et la pop d’ici.
Vous l’aurez compris face à tant de talent, on peut difficilement dire du mal de Mexico, mais simplement remercier Maxime Chamoux et son groupe d’exister. Et de continuer encore longtemps...
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