Mansbestfriend - Poly.sci.187
Co-fondateur, avec ses collègues Jel, Doseone, Odd Nosdam, Alias et Pedestrian, du label californien Anticon dont on ne finit plus de chanter les louanges sur Indie Rock Mag, Tim Holland (aka Sole), par son engagement politique et humain, son talent pour l’hybridation musicale et sa prolificité, en est sans doute le représentant le plus emblématique.
1. Dedemma Speaks
2. The Teachings Of Leviticus
3. Wilting Onward
4. High Noon And Sobered
5. Allieverwanted
6. Stuck In My Head Since I Was 12
7. Giant Man Eating Bird
8. Bosnian Jazz
9. Spin The Humans
10. 50 At 30
11. Firefish
12. Father Vs. Courage
13. Party Till We Drop
14. Missile Defense
15. How Big Is Space
16. 6million Wayz 2live
Et en faisant le choix de mettre son flow de côté pour son cinquième album sous le pseudonyme de Mansbesfriend, il n’a rien perdu de son identité, bien au contraire. Toujours ouvertement politisé et antimilitariste (cf. les sonorités arabisantes de Father Vs. Courage), toujours armé des beats puissants, claviers inquiétants et drones menaçants qui tissaient déjà la trame sonore de Live From Rome et Myownworstenemy en 2005, sa musique demeure partagée entre lyrisme et angoisse, mais parvient également de par son caractère instrumental à évoquer mieux que jamais l’abstraction d’un paysage mental torturé, celui d’un musicien intimement engagé mais conscient de son impuissance face à la folie grandissante d’un monde déshumanisé.
Ainsi, avec ses déferlantes noisy et ses plages plus ambiantes hantées par des synthétiseurs analogiques aux textures organiques et des samples de vocaux parlés, rappés ou chantés, c’est à côté du cauchemardesque Geogaddi , chef-d’oeuvre des écossais de Boards Of Canada, que l’on rangera, s’il le faut vraiment, ce Poly.sci.187 , album certes moins vaste et labyrinthique mais plus concis et accrocheur dont le nom, inspiré du code employé par la police de Californie pour désigner un meurtre, suffit à évoquer la paranoïa des pages les plus sombres et pessimistes de la science-fiction.
Toujours nourri d’influences très diverses, folk, jazz, abstract (voire même ragga dans les rythmiques de la première moitié de Party Till We Drop et du génial Missile Defense, en écoute sur le site officiel du label Anticon ou encore sur myspace), le hip-hop de Sole, qui depuis longtemps n’en est plus vraiment même s’il lorgne par moments du côté des instrumentaux de The RZA (les pulsations du superbe Allieverwanted), continue surtout de s’ouvrir aux musiques de films (au sens le plus large, de Morricone à Carpenter en passant par Lalo Schifrin, Tan Dun ou Georgio Moroder) et à l’électronica, avec une faculté d’assimilation des plus étonnantes.
Cette homogénéité, Poly.sci.187 la doit autant au talent de compositeur de Sole, totalement hybride et néanmoins absolument singulier, qu’à un don tout aussi éblouissant de sculpteur sonore dont il faudrait aller chercher l’équivalent chez Massive Attack, rien de moins, et en particulier du côté du sombre et dépressif 100th Window .
Mais là où l’oeuvre au noir, tout aussi mentale, abyssale et paranoïaque, de Robert ’3D’ Del Naja se terminait dans un tourbillon de pulsions suicidaires, celle de Sole laisse place à l’espoir avec les pulsations de vie du contemplatif 6million Wayz 2live, dont les sonorités évoquent cette fois les Indiens d’Amérique, triste symbole, néanmoins d’une nation qui n’en finit plus de piétiner aveuglément tout obstacle, volontaire ou non, à ses intérêts politiques et financiers.
Pour conclure, voici un lien vers une passionnante petite interview accordée par Tim Holland à Audiversity, où l’on apprend notamment la petite histoire du dinosaure de la pochette de Poly.sci.187 . Bonne lecture aux anglophiles !
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