Pour l’une de ses rares infidélités au label Erased Tapes, le multi-instrumentiste de Loch Lomond, associé à l’Américain East Forest méconnu chez nous aux claviers, piano et synthés en tous genres, semble passer étrangement inaperçu dans nos contrées comme ailleurs. Une collaboration sous les radars et pourtant assez merveilleuse d’équilibre et d’émotion retenue, quelque part entre modern classical, acoustique bucolique, pop capiteuse, folklore délicat (cf. le chant en canon très irlandais dans l’âme de Warmhearted Hawthorn) et même ambient-techno avec In The Middle, break inattendu judicieusement placé comme son nom l’indique en milieu de disque pour 8 minutes de transe tristounette et luxuriante aux arrangements évanescents.

Toujours légèrement trop aventureux, affligé, clair-obscur ou simplement trop surprenant pour tomber dans l’écueil de la joliesse un peu facile que n’évitent pas toujours certains chantres de cette chamber pop enluminée d’aujourd’hui flirtant avec l’ambient et la musique électronique, Burren bénéficie dès son entame Reunited tout en piano impressionniste et cordes spleenétiques d’un sens de l’espace et de la temporisation qui fait toute la différence, qu’il s’exprime au gré de chansons épurées et entêtantes n’hésitant pas à dérouler leur douce mélancolie sur deux fois plus de temps qu’elles ne le devraient (The Barren Burren), de morceaux plus percussifs et hypnotiques (Landscape, avec au chant... une coach spirituelle, Marisa Radha Weppner, et Broderick au violon capiteux sous influence de la musique indienne, et le plus resserré Resurrect Inside) ou de méditations ambient emplies de ferveur mystique laissant une plus ou moins grande place aux idiophones balayés par le vent et captés sur le moment (Glade), au piano solennel (Morning Radha) ou aux nappes orchestrales (Slán). Magnifique.