Wolf Windblade & John Sarastro - Windblade

1. spar play wordplay
2. Urbanear EGT 2021
3. Windblade’s tail
4. Hotmouf
5. Lafayette’s trail
6. Scythe
7. CHANBARA’S RECALL
8. Wintermission Arcadia
9. Universal uptop headwind dislocation
10. Silverfox Titan’s Vertigo Maneuvers
11. Jing Cong Valyu
12. da’vid 2021
13. Wind dance

2023 - Autoproduction

Sortie le : 3 mars 2023

Les productions hybrides du génial John Sarastro à la rescousse d’un rappeur conspi sur les bords

On ne sait pas grand chose de Wolf Windblade, si ce n’est qu’il vient du Queens, se fait également appeler Mantat ou Adofo, est un conspi-Covid assumé et ne démérite pas trop en rappant sur l’instru épileptique d’un Thavius Beck. Auteur l’an dernier d’un EP sous le nom de Mountain Wolf Windblade, le rappeur semble fasciné par le rap proto-futuriste des années 80 (Public Enemy en tête, références à l’appui), la philosophie asiatique, les productions de RZA et la clique Def Jux aussi sans doute même si Bandcamp ne le dit pas, autant dire qu’il a trouvé chaussure à son pied en collaborant sur la durée d’un disque avec le Suisse John Sarastro, probablement le beatmaker le plus sous-côté de la planète qui livrait l’an dernier avec Obsidian Lanes l’une de nos plus grosses claques abstract de mémoire récente et télescopait toutes ces influences et d’autres encore - des Beastie Boys à Antipop Consortium - avec un sacré brio.

Si le flow assez versatile du MC, passant du spoken word à un rap enlevé, peut évoquer de loin Open Mike Eagle en plus grave voire légèrement rauque, son univers paraît nettement plus mystique, flirtant avec le rêve et autres allégories aux confins du courant de conscience et d’un storylling plutôt abcons aux références insaisissables. Quant aux beats de Sarastro, samplant tout ce qui passe, de vieilles BOs de films en soundtracks de jeux vidéo, ils font feu de tout bois sur ce Windblade aux atmosphères claires-obscures et droguées, tantôt du côté d’un abstract tendu et particulièrement évocateur à la manière de DJ Shadow ou plus récemment de Damu (spar play wordplay, Universal uptop headwind dislocation), des méditations à synthés mélancoliques et planants d’Ed Scissor & Lamplighter (Urbanear EGT 2021), des déstructurations rétrofuturistes de Mike Ladd (Silverfox Titan’s Vertigo Maneuvers), lui même invité sur Obsidian Lanes, ou d’un downtempo lofi et psyché aux ambiances de films de samouraïs façon Ichiban Hashface (Windblade’s tail, ou Lafayette’s trail et sa vibe à la Lalo Schifrin), entre deux incursions plus jazzy et tout aussi narcotiques (Hotmouf, Jing Cong Valyu).

Les sonorités asiatiques y ont donc la part belle, des tablas de Scythe au sarangi de da’vid 2021 en passant par les percus de Wind dance ou les cordes indiennes et autres idiophones du bien-nommé et très ambient CHANBARA’S RECALL, et les samples aux allures de field recordings donnent à l’album une dimension fortement cinématographique, parvenant à instaurer une cohérence et même une homogénéité assez surprenantes, les particularités évidentes de chaque titre se fondant dans un ensemble véritablement immersif et de haute volée. De quoi minimiser les quelques relents désagréablement complotistes des lyrics, puisqu’outre les réfs douteuses au Coronavirus il est question ici et là de nanotechnologie ou de thérapie génique vouées à nous transformer ou nous contrôler... des théories qui ont malheureusement marqué plus d’un rappeur underground US depuis la pandémie.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 22.03.2023 par RabbitInYourHeadlights
 


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