Torre di Fine - Girl On The Shore
1. Vanta
2. PerfectBlue
3. Attraction
4. Kenopsia
5. Ammonia
6. Coercion (w/ Ankubu)
7. N02A
8. Thirst
9. Mascara
10. Sorrow
Sortie le : 2 mars 2023
On avait laissé Torre di Fine, projet slowcore du musicien électronique Marco Cella (River of Deceit, Brook Haven), sur un premier album charmant aux airs de Red House Painters abrasif, mais qui manquait un peu d’ampleur et d’audace pour vraiment laisser une trace durable.
Autant le dire tout de suite, nos réserves semblent avoir été entendues tant ce Girl On The Shore élève la barre de plusieurs crans, le songwriting passant ici au second plan de progressions instrumentales d’une intensité folle, entre acoustique à fleur de peau, drone incandescent et arrangements de cordes élégiaques (les 8 minutes de Vanta en intro donnent le ton), mâtinés de sampling discret et d’électronique viscérale. On pense cette fois encore à Flying Saucer Attack et à son space rock papier-de-verre (N02A) mais si l’influence semblait lointaine sur le premier opus de ce nouveau projet de l’Italien, cette ambitieuse suite rend pleinement justice à l’héritage halluciné et texturé des assassins du shoegaze, réussissant quelque part là où Low avait à moitié échoué sur ses deux derniers disques en faisant d’une production contrastée aux effets radicaux l’écrin idéal pour des chansons véritablement habitées et inspirées (Attraction).
Alternant complaintes d’une douceur sépulcrale (Kenopsia), rêveries orchestrales au sound design digne d’un Ben Frost (Ammonia) et dream-pop aux allures de tempête sous un crâne flirtant autant avec le bruitisme qu’avec le modern classical (Coercion), Cella et son bassiste Matteo Trevisan font appel à plusieurs chanteuses (petit bémol d’ailleurs sur Thirst, peut-être un chouia trop emo aux entournures) ainsi qu’à des violistes et à un violoncelliste, mais n’hésitent pas pour autant à se délester de toute enluminure quand cela s’avère pertinent, en témoigne cet impressionnant Mascara digne d’un Set Fire To Flames où guitare, drone crépitant et semblant de rythmique constituée de saturations électriques se suffisent à eux-même pour instaurer une atmosphère magnétique et fascinante, sorte de tremplin en faux-plat pour les 11 minutes du final Sorrow au crescendo post/noise-rock proprement terrassant. Un vrai coup de coeur de ce début d’année.
180 albums, car si la frustration demeure de ne pas en citer 100 ou 150 de plus, c’est là que la césure s’avérait la plus supportable en cette année 2023 riche en pépites sous-médiatisées. 180 disques, car le but d’un bilan annuel, de la part d’une publication musicale quelle qu’elle soit, ne devrait pas revenir à montrer que l’on a sagement écouté la (...)
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