eLdIA - Hang On People
Sorti en décembre dernier, un nouvel EP prometteur pour les parisiens d’eLdIA, dont on attend impatiemment le premier long pour cette année.
1. Hang On People
2. Let’s Take A Walk In The Park
3. The Spy
eLdIA est un quintette parisien formé en 2002 autour du chanteur-guitariste Laurent Blot. Un touche-à-tout que certains auront peut-être déjà croisé sous le pseudo de Franz S. Lorenzo, en solo ou en tant que guitariste des bricolos barrés de (Please) Don’t Blame Mexico dont le deuxième EP toujours en cours d’enregistrement n’en finit plus de nous faire trépigner d’impatience.
En attendant, eLdIA, qui devrait sortir un premier album dans le courant de l’année mais n’en est pas à son coup d’essai ( Hang On People est déjà le troisième EP du groupe), a toutes les cartes en mains pour nous rendre l’attente moins pénible. Car comme celles de First Aid E.P. , les trois chansons qui composent Hang On People ne sont pas du genre à lacher facilement la platine des friands de pop libertaire.
Ecriture limpide, constructions complexes, instrumentation métissée et chant dans la langue de Paul McCartney (ah bon, on dit Shakespeare ?...), il y a là de quoi emballer les amateurs les plus exclusifs de mélancolie pop anglaise et d’urgence rock américaine, des swinging 60’s à nos jours. Ah ça y est, "urgence", le mot à éviter, si souvent galvaudé, est parti sans prévenir : la faute à Hang On People, à sa rengaine angoissée ("I’ve been driving for so long and I can’t find my way back home"), sa batterie fuyante et ses riffs mordants, à son refrain mélancolique et son chant saturé qui mêle nonchalance et panache, convoquant le Julian Casablancas des Strokes de Is This It et Room On Fire , à sa mélodie en roue libre et son clavier légèrement psyché, dont le rétro-futurisme est à l’image de la tour qui s’élève fièrement, en contre-plongée, sur la pochette du EP.
Dans sa première partie, Let’s Take A Walk In The Park fait autant penser aux Beatles, l’une des principales influences revendiquées du groupe, qu’aux Specials avec sa guitare ska et ses cuivres tantôt jazzy tantôt afro-cubains. Mais après le besoin d’introspection dans l’errance solitaire vient celui de noyer ses erreurs dans l’acool. "You’re cheating on her, she knows... she wants to put you down, so down", le temps se dilate sur une complainte qu’on dirait chantée par Pete Doherty en personne. Enfin, The Spy, sans doute la plus belle chanson du EP avec ses arpèges nostalgiques et son chant résigné, ses accords mélancoliques de guitare acoustique bientôt relayés par des choeurs à l’unisson, son solo de guitare désespéré, son piano électrique un peu psychédélique et sa basse presque funky qui remue doucement par derrière, s’éclaire le temps d’un refrain pourtant angoissé ("he’s a spy, from the middle of nowhere, and he wants... to put me down") pour finalement s’éteindre dans les limbes.
Résultat, comme pour (Please) Don’t Blame Mexico, la seule chose que l’on reprochera à eLdIA est de ne pas rendre la tâche facile à ses chroniqueurs : trois chansons c’est court, très court. Alors que dire de plus pour meubler un peu ? Que Laurent Blot vient de sortir en janvier un premier EP en solo sous le pseudo de Franz.S VS Lorenzo ? Que ce Songs For Sara est lui aussi très réussi... et très court ? Qu’il sera bientôt chroniqué dans ces pages ? Que le typographe d’eLdIA doit être fâché avec sa touche "majuscule" ? Qu’on serait bien bête d’en rajouter quand la musique parle d’elle-même, notamment sur myspace ? Non, plus de munitions, autant déposer les armes tout de suite.
... trop court, Hang On People ? Sans doute pas tant que ça pour l’amateur de pop libertaire dont on parlait plus haut, qui au risque de frôler la redite (et dieu sait pourtant que cette chronique souffrira davantage des répétitions que ce bel EP d’eLdIA) ne devrait pas bouder son plaisir de laisser enclenchée quelque temps la touche "repeat all" de son lecteur CD.
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