Deux ans après un premier album homonyme remarqué, les trois membres de Loma remettent le couvert. Jonathan Meiburg, leader de Shearwater, Emily Cross, également active sous l’alias Cross Record et le polyvalent Dan Duszynski s’en étonnent eux-mêmes, ce projet ayant initialement été pensé comme éphémère.

Ceci étant, plus encore que le succès de ce premier disque, c’est l’intérêt de Brian Eno qui a favorisé la poursuite de l’aventure de Loma. Effectivement, fin décembre 2018, le Britannique explique à la BBC qu’il écoute en boucle LOMA et plus particulièrement le titre Black Willow. Perspicaces, les musiciens se retrouvent dans le Texas, chez Dan Duszynski, et enregistrent une série de titres qui constituent la colonne vertébrale de Don’t Shy Away. Ils adresseront même à Brian Eno la démo d’un titre sur lequel ce dernier ajoutera des synthétiseurs et de très minimalistes percussions pour former un Homing vaporeux et habité qui vient conclure le disque.

Don’t Shy Away est-il uniquement le fruit d’un opportunisme ? Assurément pas. Relativement accessible - l’album est distribué par Sub Pop - le son du trio oscille entre trip-hop magnétique (Thorn), dream-pop jazzy ressuscitant le meilleur de Bat For Lashes (Breaking Waves Like a Stone) et, de manière plus fascinante encore, jazz-rock façon Talk Talk époque Spirit of Eden (Ocotillo, Blue Rainbow).

La voix d’Emily Cross apporte une autre teinte et une profondeur de champ dont manquent cruellement les dernières livraisons de Jonathan Meiburg dans le cadre du projet Shearwater. A l’inverse, Loma prouve que, malgré la lumière qui accompagne désormais ses sorties, cette majesté hypnotique qui fait sa singularité ne se dissipe absolument pas.