Konejo - Snapping Back In
1. Endtro (why’d you do that)
2. Burning Bridges
3. Wandering on the Edge
4. Leave Me in Peace
5. Ignored
6. Unravelling Fate
7. Escaping Attraction
8. Long Distance Backstabber
9. Customs Purgatory
10. Neglect
11. Daily Routine, Daily Root Out
12. Culture Gap
13. Messing with Chemistry
14. Two-Faced
15. Innocents (Were We Really ?...)
16. Wired to Fail
17. Down Memory Lane
18. Here in the Dark
Sortie le : 14 novembre 2020
Déjouons immédiatement les éventuelles théories du complot, celles-ci étant en vogue, et affirmons cette évidence : cette chronique de Konejo dans nos colonnes n’est due à rien d’autre qu’à son talent, sa capacité à mêler d’innombrables samples à des beats singuliers et lignes de basse synthétiques s’avérant si naturelle et impressionnante à la fois qu’il trouvera peu de partenaires pour évoluer dans la même cour. Et peu importe, donc, si Snapping Back In est sorti du même cerveau qu’un nombre considérable de chroniques dans nos colonnes depuis une douzaine d’années.
Passée cette nécessaire introduction, il sera inévitablement difficile de condenser la richesse de cet univers en quelques phrases, tant le producteur a intégré de détails - une centaine de samples méconnaissables et manipulés avec soin s’intègrent habilement autour de beats efficaces et minimalistes - sur les 18 titres de cet album s’étirant sur 53 minutes. Il n’y a pas de recette dans l’univers de Konejo mais quelques composantes récurrentes, malgré tout. Les arrangements de cordes soignés soutiennent régulièrement des rythmiques ambitieuses et une ligne de basse, de piano ou des samples vocaux servent d’écrin à un ensemble oscillant entre abstract hip-hop, dark ambient et musique cinématographique.
Des samples de cordes entêtants sur Burning Bridges, soutenus par une voix contemplative, à la délicieuse ritournelle mélancolique de Here In The Dark, en passant par d’innombrables sommets parmi lesquels Wandering on the Edge et son piano en contrepoint, les chœurs évanescents et renversants derrière les beats mécaniques de Unravelling Fate, le sample de basse du Melody Nelson de Serge Gainsbourg façon Portishead sur le remix de Karmacoma à l’occasion d’un Long Distance Backstabber faisant la part belle aux abstractions, les constructions à tiroirs autour d’un gimmick au piano entêtant d’un Neglect ravivant la tension suggérée des morceaux les plus en retenue de DJ Shadow, les cordes transcendantes et rythmiques fascinantes d’un Two-Faced aux influences trip-hop, témoin de l’ambition de cet album, ou encore l’alléchante austérité de Down Memory Lane, l’immersion est totale d’une extrémité à l’autre du disque.
Konejo se permet même, privilège des habiles producteurs, un clin d’oeil à sa propre discographie à l’occasion d’un Daily Routine, Daily Root Out métamorphosant un sample déjà utilisé sur l’EP Matchmade Screens et dont la seconde vie le conduit cette fois à évoluer dans un registre cinématographique.
Croisement inespéré entre les univers de Rob Dougan, U.N.K.L.E. et, évidemment, Ennio Morricone, Snapping Back In constitue une heureuse surprise, l’abstract hip-hop cinématographique et hanté de Konejo s’avérant aussi riche qu’ambitieux. Assurément, la présence de l’album dédié au maestro italien dans nos colonnes n’a rien à voir avec une quelconque complaisance.
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