2019 sans le confort(misme) - 100 albums : #40 à #21
100 albums, en attendant les concerts et EPs, avec pour seule règle de n’en retenir qu’un par artiste ou projet, hors collaborations. Un lien sur le titre du disque en question pour lire la suite lorsqu’il s’agit d’une chronique publiée dans l’année, et pour aller plus loin, un laissé pour compte du classement à écouter si vous avez aimé le choix auquel il correspond. En espérant vous donner envie de découvrir quelques perles passées entre les mailles du filet, comme chaque année à condition de savoir où pêcher (à contre-courant bien évidemment), le flot des sorties n’en manque pas !
40. Valance Drakes - An Angel In Alliance With Falsehood
"Comme toujours avec le mystérieux producteur, on est emporté par des flots d’irréalité au gré de textures aquatiques, de cliquetis organiques et de beats syncopés où surnagent field recordings nostalgiques et nappes éthérées. D’une cohérence à toute épreuve, An Angel In Alliance With Falsehood sonne comme un même songe introspectif et séraphique de 32 minutes avec ses mouvements plus ou moins langoureux (The Hardest Battles Are Fought In The Mind avec Richard Devine en invité de luxe), hypnotiques (Roses Are Not Armour) ou déstructurés (When A Forgotten Memory Returns), une ode évanescente et métamorphe aux blessures, aux frustrations et autres tromperies qui pervertissent notre psyché et avec lesquelles on s’arrange un peu plus chaque jour pour continuer de rêver (Torn Off Feathers From An Angel)."
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39. Scorn - Cafe Mor
"On ne pourra guère reprocher à Mick Harris sur cet album du grand retour après 8 années de hiatus, que de "faire du Scorn", et ce serait bien un comble qu’il n’en fasse pas, lui le dépositaire de cette bass music lourde et insidieuse qui n’est pas pour peu de chose dans l’existence de pans entiers de la musique électronique d’aujourd’hui. Pas grand chose n’a changé donc depuis l’EP Yozza ou Refuse ; Start Fires, et on est aussi familièrement impressionné que peu décontenancé à l’écoute de Cafe Mor, si ce n’est peut-être pour l’intervention névrotique de Jason Williamson (des Sleaford Mods) au micro sur l’halluciné Talk Whiff. Du grand Scorn, comme à chaque fois en fait."
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38. Pharmakon - Devour
"On commence à avoir l’habitude avec Margaret Chardiet : ça mord à pleines dents et cette fois c’est via une imagerie et des références aux cannibalisme que la nécromancienne new-yorkaise fustige notre goût très humain pour l’autodestruction. Une destruction qui passe forcément par celle des tympans sur cet album peut-être encore plus radical que les précédents (Bestial Burden compris), l’Américaine déformant électroniquement ses vocalises hargneuses, les démultipliant jusqu’au malaise sur le final du barbelé Self-Regulating System aux drones abrasifs, ou crachant sa frustration sur le bien-nommé Spit It Out, pour en terminer sur un insidieux Pristine Panic / Cheek by Jowl final de plus de 10 minutes au spoken work de prêtresse maléfique."
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37. Funki Porcini - STUDIO 59
"Enregistré en Gironde, ce nouvel opus de Funky Porcini renoue, après des sorties plus ambient qui avaient trusté mes tops de fin d’année, avec le downtempo mi lounge, mi-alambiqué et les charmes rétro de la grande époque de Mo’Wax ou des débuts de Ninja Tune, label dont il avait fortement contribué à forger l’esthétique au milieu des années 90. Toujours ce goût pour le sampling halluciné (Things Gettin’ Rough), la drum’n’bass volatile (Category Nine) et les sonorités plus jazzy des claviers (Mauve) ou de la batterie (Fluttery Eyed Disco) mais on trouve aussi sur ce disque des incursions inhabituellement hédonistes (Miss Whirled, I Want My Brain Reversed) amplement compensées toutefois par un morceau proprement fantastique, ce Simple aux allures de soundtrack fantasmagorique et intrigant à la Bernard Herrmann des 60s."
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36. Northwest - II
Avec la sortie du premier album solo de Mariuk quelques semaines auparavant, Northwest semble avoir dissocié son univers depuis le déjà superbe I de l’an passé : pop électronique, romantisme exacerbé et beats équilibristes du côté de la chanteuse/claviériste ; atonalité, élégies orchestrales et complaintes vocales langoureuses pour le duo, le multi-instrumentiste Ignacio Simón prenant la tête d’un véritable petit ensemble d’instruments à cordes et à vent dont il signe les arrangements à la croisée de la musique classique contemporaine, du soundtrack imaginaire et d’une dream pop de chambre au spleen hanté. Gagnant encore en ampleur, en beauté diaphane (jusque sur le capiteux All of a Sudden et le troublant final Wasted Light où le chant au premier plan de Mariuca n’est pas sans évoquer une Mélanie De Biasio qui aurait beaucoup écouté Kate Bush, révélant au passage une voix d’exception) et en recueillement, II touche au cœur tout en visant l’évanescence la plus absolue, quelque chose pourquoi pas de Mark Hollis ou Stina Nordenstam dans cette vocation à n’exister que dans l’instant pour mieux s’effacer dans l’éther jusqu’à notre prochaine écoute.
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35. Glass Cutters - Glass Cutters
"Joji Kojima, Martin Carlos Ward et Jel en personne se partagent le micro sur cette collection de brûlots rap lo-fi produits par ce dernier et son compère des grandes heures d’Anticon, Odd Nosdam. Syncopés, lourds et saturés, parfois hantés de flows pitchés comme un Captain Murphy du ghetto (A Warm Welcome) ou délicieusement ascentionnels et mystiques dans la lignée de ce que fait Odd Nosdam en solo, ces instrus multiplient également les clins d’oeil aux 90s qu’on aimait (les groovesque This God et Mama Said) mais ne sont finalement jamais meilleurs que dans le sismique et le narcotique, flirtant avec le Deadverse Massive de Dälek et compagnie sur l’opaque Supanova pour en terminer sur un No Metal aux accents soul malmenés par un beat grondant et sans concession."
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34. Yuko Araki - II
"Ce 2e opus du diptyque de la Japonaise inaugure le label italien Commando Vanessa qui promet de nous abreuver en expérimentations singulières. Effectivement moins percussif et mystique, peut-être aussi moins abrasif et lo-fi que le premier volet dont il prend plus ou moins la suite du morceau final Quintuplets, II est d’autant plus magnétique, mettant en avant synthés futuristes (Marooned on Mars) et autres arpeggiators stellaires (Taklamakan) pour nous emmener loin, en un crescendo dystopique qui n’hésite pas pour autant à convoquer bruit blanc en flux anxiogènes et lancinants (Vermilion Bullets), crépitements harsh (The Lathe of Eden) ou stridences névrotiques au potentiel claustrophobe malaisant (Blind Temple)."
À écouter aussi si vous avez aimé : Yuko Araki - I
33. Ulver - Drone Activity
"Les touche-à-tout norvégiens prennent fort heureusement le contrepied du racoleur et grandiloquent The Assassination of Julius Caesar d’il y a deux ans. Avec ses quatre morceaux-fleuves aux progressions tourmentées, Drone Activity voit Kristoffer Rygg et ses compères explorer de ses abîmes saturés à ses cimes éthérées (cf. le bipolaire Exodus entre trémolos planants et beats de fin des temps) un genre qui se pare forcément avec eux d’atours plus cinématographiques et mélangeurs, guitare noise menaçante sur le final du corrosif True North, boîte à rythme à la tension sourde et batterie martiale sur le magnétique Twenty Thousand Leagues Under the Sea ou encore rythmique rituelle sur un Blood, Fire, Woods, Diamonds riches en arrangements baignés de lumière noire."
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32. Matteo Uggeri - The Next Wait
"Entouré d’Enrico Coniglio à la guitare et à l’orgue, Nicola Ratti aux bidouillages électroniques ou la pianiste Mujika Easel sur les troublants First Night Home et Take Care dont les dialogues ciné de couple dans la tourmente et autres clapotis de salle de bain instaurent une atmosphère lourde d’anxiété, Matteo Uggeri alterne ici sérénades acoustiques et pièces plus expérimentales. Les premières sont illuminées par des vocalises féminines aussi capiteuses que fantomatiques, des chœurs de Jenny Oakley aka Empty Vessel Music aux susurrements de sa moitié Gaia Margutti, en passant par l’oratorio neurasthénique de Dominique Van Cappellen sur un Attesa dont le background donne à entendre le genre de scénettes de vie familiale par field recordings interposés qui semblaient hanter l’Italien à l’approche de sa paternité."
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31. 7’Rinth - The Shinjukan Spiral
"On se languissait d’une suite au superbe Multiple Armz, le 7rinth ne s’est pas moqué de nous avec un condensé du genre de productions cafardeuses et gondolées dont il a le secret, sous forte influence nippone cette fois-ci, des voix d’animés du candide Confessionz ou du baroque Hyper Fox Attack en mode Non Phixion de la crypte, aux références SF de Lord in a Mech où il est question de robots de combat (les fameux mechas des mangas) et du Neo Tokyo d’Akira. C’est toujours aussi tranchant et tire-larmes à la fois grâce à un sens du sample triste inégalé (Blindfolded City), le flow du New-Yorkais contrastant avec ses instrus de carrousel affligé (Naginata Dreamz, Shinjukan Spiral) entre deux morceaux plus tendus. Chef-d’œuvre absolu."
À écouter aussi si vous avez aimé : G-Pek, Brycon, Yelir, B.I. Lectric, The Architect & Baghead - There’s No More Room In Hell 5
30. Blackthread - The Way You Haunt My Dreams
Sans trop savoir pourquoi, j’ai immédiatement pensé à ANBB (projet éphémère de Blixa Bargeld d’Einstürzende Neubauten avec Alva Noto) en découvrant ce troisième album solo de Pierre-Georges Desenfant, 6e référence du label Nahal lancé en 2018 par Mondkopf et Frédéric Oberland. Est-ce la confrontation entre électro/ambient et chant (lequel ici prend la forme tantôt d’un storytelling détaché, introspection confuse et névrosée au spoken word très britannique, tantôt comme sur I Live In A Tree d’un chant flottant et semi atonal à la David Sylvian) ? Ou les incursions de rythmiques ouvertement réminiscentes de (Raster-)Noton sur Running ou Good Evening Blues ? Toujours est-il que pareil équilibre entre pop et expérimentation est aussi rare que précieux, et que ce "drone vocal" qui ne ressemble à rien de connu s’est fait une place de choix dans plus d’une discothèque de la rédaction d’IRM cette année, avec raison.
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29. Philippe Neau / Patrick Masson - No silence
Parallèlement au passionnant d’un espace à l’autre de HeAD à découvrir si ce n’est déjà fait quelques places plus haut dans le classement - et donc un peu plus bas sur cette même page -, Patrick Masson s’associait à l’ex Nobodisoundz (qui aura lui-même brillé cette année avec les fantasmagories guitare/textures de CollAGE D par deux fois sur album et lors du Sulfure Festival) pour enfanter en milieu anaérobie cet étrange écosytème fait disque, qui semble vouloir percer le voile de la réalité pour révéler les mécanismes pulsatiles et grouillants qui électrisent la soupe primitive de nos poussières d’existence au fin fond de l’infini cosmique. Abstrait et organique, l’un des albums d’ambient les plus hypnotiques et intrigants de l’année.
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28. Amon Tobin - Fear in a Handful of Dust
Douze ans après, on a toujours autant de mal à se remettre de Foley Room mais Amon Tobin ne s’est toujours pas résolu à nous satisfaire d’une suite démago dans le rutilant et c’est tant mieux. Avant les langoureuses rêveries rétro-futuristes du délicat Long Stories en octobre qui n’aurait pas terminé bien loin de cette 28e place sans la règle parfois sévère du "un album par artiste", il y avait donc eu ce disque ouvertement insatisfaisant pour nombre de fans de la première heure, un album sans beats emphatiques, fait d’étranges bribes de compositions à haute teneur atmosphérique télescopant électronique, ambient organique et acoustique mutante, mi candide mi cauchemardé, entre poussières de songes malaisants et bribes de nostalgie hédonistes, qui se permet même d’en remettre une louche dans la déconstruction sur ses trois derniers titres : la marque d’un artiste trop occupé à rêver son art pour se péoccuper de nous faire rêver dans le sens du poil.
À écouter aussi si vous avez aimé : Amon Tobin - Long Stories
27. Offthesky - Illuminate
L’homme aux 70 sorties en 15 ans (ce qui est loin d’être un record dans le milieu de l’ambient !) livrait cette année chez Eilean Rec. son plus bel album à ce jour, oasis de délicatesse illuminé par l’inimitable sonorité des bols chantants asiatiques (Lucere) mais aussi par la harpe et les susurrements langoureux de Jacqueline Sophia Cordova et enluminé par les interventions d’une petite troupe d’instrumentistes amis, parmi lesquels l’excellent Morgan Packard (retraité semble-t-il des sorties électroniques en solo depuis le sublime Moment Again Elsewhere qui pourrait bien refaire surface à l’occasion de nos bilans de la décennie en approche), au saxo notamment sur Future Fire. Ample et par moments délicatement hanté (A Symmetry On Silence), à la fois plus luxuriant et plus épuré que jamais, Illuminate a aussi le sens du mystère et du non dit (Sleepwaker), à l’image du petit frère Fallow sorti quant à lui quelques mois plus tard sur le label russe Dronarivm et tout aussi recommandable auprès des amateurs de fééries granuleuses et nostalgiques.
À écouter aussi si vous avez aimé : offthesky - Fallow
26. Beans - Ace Balthazar
"Il me faut remonter à End It All chez Anticon avec ses collaborations transgressives lorgnant sur la pop expérimentale et l’électronique pour trouver un album de Beans qui m’emballe à ce point. Ace Balthazar est parfaitement pensé, à la fois le plus accrocheur et le plus défricheur de ses quatre sorties pour Hello.L.A., du requiem d’ouverture Bigfoot In The Big City au nébuleux Sun James Ra Brown en passant par un Nkoloso radical et fantasmagorique digne de Thavius Beck, l’inquiétant Julian Lives On The Roof, le hit porno-friendly Midnight Caller et bien sûr le sublime Birds Born In A Cage View Flying As Illness évoquant les grandes heures d’UNKLE feat. DJ Shadow ou de Massive Attack."
À écouter aussi si vous avez aimé : E L U C I D - Every Egg I Cracked Today Was Double Yolked
25. Clark - Kiri Variations
Qui aurait imaginé que l’album de musique électro-acoustique le plus narratif, mélangeur, contrasté, riche en sensations souvent contradictoires (de la mélancolie aux peurs d’enfants), simplement le plus vaste de cette année 2019 viendrait de Clark, peut-être le pilier des grandes heures de Warp à nous avoir le plus souvent déçus cette décennie. À sa décharge, entre les métissages pop légers et décousus d’Iradelphic, le retour aux sources caricatural et inconséquent de Death Peak et le retour de flamme techno un peu trop emphatique de l’éponyme Clark, le bonhomme semblait paradoxalement à l’étroit sur le séminal label IDM britannique. Les mutations du court mais passionnant E.C.S.T. T.R.A.X. l’an passé avaient ainsi donné le coup d’envoi de son propre label Throttle Records, qui défend donc aussi ces Kiri Variations mêlant par exemple sur le génial Bench musique de chambre lyrique et drone ascensionnel, electronica ludique et classique contemporain percussif sur l’enivrant Kiri’s Glee, ambient pianistique et onomatopées baroques sur Forebode Knocker ou le final Goodnight Kiri aux allures de BO de giallo, sans oublier la fugue modernisée de l’introductif Forebode Pluck, la féérie orchestrale claire-obscure de Primary Pluck ou le romantisme pop désagrégé de Cannibal Homecoming. Une véritable renaissance pour l’auteur de Clarence Park !
À écouter aussi si vous avez aimé : Will Samson - Paralanguage
24. Moor Mother - Analog Fluids Of Sonic Black Holes
Chez Moor Mother, "cinématographie hallucinée (Repeater, ou l’impressionnant Shadowgrams) et collages fantasmagoriques et abrasifs (Engineered Uncertainty, Sonic Black Holes) côtoient noise torturée (Don’t Die, LA92), ambient habitée (The Myth Hold Weight, Cold Case) et techno-ragga d’un infernal bayou d’esclavagistes (After Images), tandis que même Black Flight avec Saul Williams en narrateur militant s’avère être un véritable ovni musicalement parlant. Hanté par les fantômes de l’histoire afro-américaine (Passing Of Time), brassant féminisme, black power et charges virulentes contre le consumérisme, Analog Fluids Of Sonic Black Holes est comme son nom l’indique un véritable trou noir philosophique où toutes les angoisses de son auteure se télescopent, créant au passage quelques monstres qui nous hanteront bien au-delà de cette année 2019."
À écouter aussi si vous avez aimé : Xiu Xiu - Girl with Basket of Fruit
23. Giulio Aldinucci - No Eye Has An Equal
Impressionniste au plus pur sens du terme, à l’image d’un titre comme Mirages and Miracles composé d’un foisonnement de petites touches en apparence chaotiques et disparates qui de près agresseraient presque les tympans mais forment pourtant avec le recul nécessaire de l’abandon des sens une humeur cohérente entre spleen obsédant et introspection tourmentée, le successeur du fabuleux Disappearing In A Mirror troque la liturgie dronesque contre une métaphysique de l’infiniment grand (Meiosis, Remembrances), évoquant la déréliction de notre propre spiritualité (Brezza) via la déconstruction et la réinvention par l’Italien de son propre répertoire antérieur. Une gageure, et une ode à la liberté créative opposée aux nouvelles prisons et frontières sociales qui ne cessent malheureusement d’émerger en cette fin de décennie.
À écouter aussi si vous avez aimé : EUS - Devenir
22. HeAD - d’un espace à l’autre
"C’est au sein de son trio HeAD que le Belge Patrick Masson retrouve le chemin de nos platines. De fantasmagories lynchiennes en distorsions IDM futuristes, en passant par les émanations downtempo d’un no man’s land post-indus menaçant, des abstractions minimales et pulsées à la Raster-Noton et autres petits hymnes électro polyrythmiques et texturés pour créatures de la nuit, d’un espace à l’autre est riche en chemins de traverse, en synthés Korg mouvants et inquiétants, en ruelles sombres reliant les psychoses les plus reculées de notre subconscient, au même titre d’ailleurs que cette collection de faces-B regroupées sur le Bandcamp du groupe. Un must-have de l’expérimentation synthétique cette année, à télécharger librement."
À écouter aussi si vous avez aimé : LPF12 - A Calm Heart Beating
21. King Midas Sound - Solitude
Resserré sur le line-up des débuts, soit à la musique Kevin Martin (The Bug, Zonal) mentionné pour la 3e fois dans ce bilan et Roger Robinson au spoken word et aux lyrics (Kiki Hitomi s’est quant à elle rapprochée du bassiste de Seefeel, Shigeru Ishihara, pour le premier opus haut en couleurs et fort en télescopages stylistiques de leur projet WaqWaq Kingdom), King Midas Sound délaisse le trip-hop ténébreux au profit d’une ambient de désolation et livre un chef-d’oeuvre de storytelling désillusionné et de tension insidieuse (l’instrumental Too Late), succession de récits de misère affective, de solitude (d’autant plus malaisante au sein même du couple sur Zeros), de jalousie et d’obsession qui n’est pas sans évoquer pour son introspection crue et désespérée le poignant I Can Hear Your Heart d’Aidan John Moffat il y a quelques années, à la différence près qu’une cohérence absolue dans l’austère grisaille des compositions et une froideur clinique de cité de béton sont ici de rigueur, jusque dans les récollections charnelles et le manque obsédant d’un Her Body au piano troublant.
À écouter aussi si vous avez aimé (mais attention rien à voir hein !) : WaqWaq Kingdom - Essaka Hoisa
La suite très vite !
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- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Squarepusher - Dostrotime
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
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