Alex De La Pampa - Out There
L’honnêteté et l’intégrité méritent de le préciser d’emblée : Alex De La Pampa n’est pas un inconnu. Il fait partie de ces nombreux artistes émergents dont nous avons suivi les premiers travaux avant d’engager une correspondance par écrans interposés. Forcément, les liens qui se sont tissés excluent toute neutralité au moment de commenter ce disque, mais l’éloge suivant est à la hauteur de la surprise que constitue la découverte de la beat-tape récemment réalisée par le Nantais et intitulée Out There.
1. Dans Le Sous-Marin (RIP Ras G)
2. Dans Les Abysses
3. Dying Light
4. Bienvenue A Bord
5. Calme Relatif
6. Caméra De Surveillance
7. Submarine’s Theme
8. Les Grands Fonds
9. La Banquise (Chill)
10. The Captain’s Mad !
11. Captain’s Nightmare
12. La Vie Aquatique
13. A La Poursuite Du Calamar Géant
14. Plastique
15. L’Equipage (VLOG)
16. La Salle Des Machines
17. Jules Verne Type Beat
18. Satisfying Watery ASMR
19. Sometimes I Just Want To Turn Into A Cute Squid And Peacefully Float In A Turquoise Lagoon Somewhere Far Away From Here
20. Sonar
21. Une Fuite Dans La Coque
22. Spleen
23. L’Amour Comme Boussole (pour De Roubaix)
Si, lors de ses travaux précédents, Alex De La Pampa avait tendance à partager à l’envi son pêché mignon pour l’auto-tune, l’absence de voix sur cette beat-tape exclusivement instrumentale lui permet d’éviter ce que nous pouvions jusqu’alors considérer comme le point faible du projet.
Bien heureusement, au-delà de PNL et consorts, le Français a de solides références, qu’il partage d’emblée sur cette réalisation dès le Dans Le Sous-Marin introductif, le sous-titre du morceau rendant hommage à Ras G, décédé le jour de la publication de Out There. L’Amour Comme Boussole, clôturant la sortie, rend pour sa part hommage à François De Roubaix. Mais les inspirations déclinées par l’artiste ne s’arrêtent pas là, allant de Mr Oizo à Pierre Henry en passant par Wren Dover Lark (dont Alex De La Pampa assurait une partie du mastering du dernier album), Animal Collective ou Homeshake, l’acolyte de Mac DeMarco.
Fort de ces influences variées, Out There est aussi protéiforme que cohérent, une sortie-concept basée, selon les propos de son auteur, sur l’histoire d’« une équipe de scientifiques guidée par un capitaine pirate, à la recherche d’un légendaire calamar géant, à bord d’un sous-marin rouillé ».
On y retrouve donc aussi bien une ambient stellaire – ou plutôt subaquatique – (Sometimes I Just Want To Turn Into A Cute Squid And Peacefully Float In A Turquoise Lagoon Somewhere Far Away From Here) que des sonorités semblant sorties d’une BO de film d’épouvante (le grinçant Caméra De Surveillance) ou un post-dubstep minimaliste (Captain’s Nightmare).
Pour apprécier cette sortie, il convient de ne pas être effrayé par les synthétiseurs cheap ancrés dans les années 80, mais ceux-ci ne sont jamais destinés à caresser l’auditeur dans le sens du poil. Au contraire, des expérimentations soniques inclassables comme Dans Les Abysses ou Jules Verne Type Beat, ou encore le redoutable Submarine’s Theme, à rapprocher du Air des débuts, viennent réveiller les angoisses de ce dernier.
Entre autres réussites, nous repèrerons également Bienvenue A Bord et ses faux-airs de big beat, à appréhender comme une version édulcorée d’un The Prodigy qui lorgnerait davantage vers le psychédélisme que la rage, l’ambient faussement planante de Calme Relatif et Les Grands Fonds ou l’abstract indus de La Salle Des Machines, faisant écho à la face sombre de Pretty Lights. Les dernières réjouissances sont proposées par Plastique et Sonar, qui ressemblent à ce dont le hip hop old school aurait dû accoucher dans un monde idéal, après s’être affranchi de ses paroles.
Protéiforme, donc, Out There révèle surtout la curiosité et l’ambition d’un artiste qui, sans complaisance, parvient à nous impressionner à l’occasion d’une sortie qu’il envisageait initialement comme une collection de faces B. Assurément, en se dégageant de son attrait pour l’auto-tune, Alex De La Pampa accouche d’une sortie stimulante, à classer entre IDM, synthpop, dubstep, hip-hop, french touch et musique cinématographique. Le spectre est large, l’inspiration également.
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