Bertrand Belin - Persona
On l’a trop souvent rapproché d’Alain Bashung ou de Richard Hawley pour se risquer à la comparaison. Alors c’est promis, nous ne dirons pas que Persona pourrait être le Fantaisie Militaire ou le Coles Corner de Bertrand Belin. Trop facile.
1. Bec
2. Glissé Redressé
3. De Corps Et D’Esprit
4. Bronze
5. Grand Duc
6. Choses Nouvelles
7. Sous Les Lilas
8. Sur Le Cul
9. Camarade
10. Vertical (Dindon)
11. Nuits Bleues
12. L’Opéra
13. En Rang (Euclide)
Il n’empêche, ce sixième disque est doté de cet indescriptible supplément d’âme qui lui permet de s’emparer de chaque portion de l’environnement au sein duquel il est joué pour mieux se lover entre les écoutilles de l’auditeur. Et si ce dernier avait décidé d’écouter distraitement Persona, il sera rapidement condamné à cesser ses activités ambiantes.
Les disques qui frappent et happent de cette manière sont rares, mais Bertrand Belin réussit le tour de force de composer un album très personnel, usant volontiers du « je », pour ne finalement jamais cesser de s’adresser à ceux qui l’écoutent. Notez bien que l’on ne parle pas ici de s’adresser à son public. Sans concession, le Français pourrait fort bien élargir sa base de fans avec Persona tant les troubles internes à peine voilés qui l’animent sont aussi sains et inspirants qu’universels.
Fragile et urgent, Persona s’appuie sur une économie de moyens. Les cordes sont plus en retrait, bien qu’elles soient en mesure de sublimer un titre tel que Choses Nouvelles. Ce sont ici les claviers de Thibault Frisoni et le jeu de batterie subtil de Tatiana Mladenovitch qui accompagnent et valorisent les habituelles guitares et la voix de Bertrand Belin.
Les mélodies synthétiques évoquent parfois Baxter Dury pour leur aspect à la fois cheap et désabusé (De Corps Et D’Esprit, Camarade), mais elles n’utilisent jamais de ficelles évidentes. Chez le natif de Quiberon, le sens mélodique est en fait surtout celui de la relance. Simulant le faux-rythme permanent et la nonchalance, il parvient à créer des chaînes qui lui permettent de varier son propos sans jamais le dénaturer.
Quelques chœurs féminins (Vertical), des effets de distorsion ici et là et même des digressions électroniques sur Bronze rappelant The Rip de Portishead (non, aucune allusion à la présence dans les parages d’Adrien Utley sur le disque d’un autre francophone il y a plus de vingt ans) permettent au Parisien d’adoption d’exprimer en lambeaux une évidente sensibilité noyée sous un dédale de vers énigmatiques. Se dévoiler mais pas trop, tel semble être son credo. Que Bertrand Belin prenne garde, avec un disque aussi intense, il sera amené à rendre des comptes à un auditoire élargi.
Une nouvelle décennie vient de débuter. Nous aurons bien le temps de revenir sur la précédente mais, dans la mesure du possible, faisons les choses dans l’ordre. Priorité au court terme. L’année musicale ayant été vécue avec un peu moins de passion qu’à l’accoutumée, ce top s’appuie essentiellement sur les compositions de valeurs sûres. Le temps permettra (...)
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