Giulio Aldinucci - Disappearing In A Mirror
Le successeur du magnifique Borders and Ruins de l’an passé dont on parlait ici surpasse encore en beauté comme en intensité ses élégies de fin des temps, rehaussées de cordes poignantes (The Eternal Transition), de chapes de basses fréquences et de drones orageux (Jammed Symbols) ou encore de glitchs en apnée (The Burning Alphabet) sur cette seconde sortie de l’Italien pour le label expérimental d’outre-Rhin Karlrecords.
1. The Eternal Transition
2. Jammed Symbols
3. Notturno Toscano
4. Aphasic Semiotics
5. The Tree of Cryptography
6. The Burning Alphabet
7. Mute Serenade
Celui qui avait participé au tout premier volet de notre hommage à la série Twin Peaks avec les radiations oniriques et déstructurées du superbe In a Demagnetized VHS, continue de méditer sur l’impermanence de l’humain en rapport avec son environnement, de ses concepts géographiques les plus instables et clivants (les frontières sur l’opus précédent et leurs conséquences désastreuses sur l’harmonie des peuples) à la façon dont ses rites et croyances influencent son cadre de vie sur Spazio Sacro ou l’obsédant The Procession (distant motionless shores), moitié de cet excellent split avec le Néerlandais Martijn Comes paru le mois dernier, en passant par la dimension presque métaphysique de l’écosystème sonore qu’il se crée sans le vouloir (Agoraphonia et Reframing, tous deux en compagnie de son compatriote Francesco Giannico) ou encore les dérèglements voire même les catastrophes sociales et naturelles qu’il provoque (Segmenti, au côté de Francis M. Gri) et les traces qu’elles laissent sur nos psychés meurtries (Consequence Shadows, avec Ian Hawgood).
Autant d’œuvres irriguées par la notion de sacré et ses incarnations musicales séculaires, des chœurs liturgiques plus présents que jamais sur ce Disappearing In A Mirror qui s’intéresse cette fois plus particulièrement à la fluidité de notre notion d’identité, transcrivant les ambiguïtés qui coexistent en nous par la collision de sa tectonique de textures ténébreuses avec le même genre d’oraisons chorales qui habitaient déjà de leurs plaintes lancinantes les instrumentaux de l’opus précédent, et par moments avec les arrangements du violoncelliste Alexander Vatagin qui a également mastérisé l’objet, un savoir-faire d’ingé son qu’il avait d’ailleurs mis au service d’un des volets les plus sombres et atmosphériques de notre sus-nommée compil IRMxTP l’an passé.
"Il s’agit d’une réflexion sur notre situation actuelle de changement et de perturbation" nous explique Giulio Aldinucci, "et en même temps, c’est une plongée dans l’âme intemporelle de l’homme et ses paysages musicaux intérieurs". Une œuvre ambitieuse donc mais à l’impact avant tout émotionnel et viscéral, avec ses tempêtes orchestrales d’éternelle crise existentielle (The Eternal Transition, où Alexander Vatagin alterne au second plan nappes lyriques, crissements fantomatiques et picking dissonant), ses apocalyptiques complaintes de cathédrale en proie à la tourmente des éléments (Jammed Symbols) et ses communions des esprits par-delà les barrières culturelles et les codes du langage (Aphasic Semiotics), mais également ses purgatoires ambient plus erratiques (le percussif et magnétique Notturno Toscano) pour une civilisation sur le déclin (The Burning Alphabet et ses chœurs en déréliction) qui finira bien par se perdre dans les limbes de l’incommunicabilité à force de dresser des murs, métaphoriques ou littéraux, entre les êtres comme entre soi-même et ses idéaux (Mute Serenade).
De déluge dronesque proprement terrassant, The Tree Of Cryptography se mue ainsi en rêverie liquéfiée et incarne à la perfection l’ambivalence d’un disque pour lequel spiritualité se conjugue avec subconscient, et rédemption avec la purge métaphysique qu’infligent les bourrasques de crépitements et autres grondements abrasifs à notre humanité souillée.
Douloureusement beau.
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