Le streaming du jour #1956 : Ben Chatwin - ’Staccato Signals’
Particulièrement cinématographique et futuriste tout en restant fidèle au goût de l’Écossais pour les nappes organiques et les arrangements poignants de véritables instruments (cordes, piano et cuivres en tête), le Ben Chatwin nouveau est une symphonie de pulsations craquelantes, d’orchestrations stellaires et de synthés analogiques vastes comme l’orbite d’une planète, une bande-son pour la naissance, la vie et la mort de notre univers dont les flots d’émotions épiques aux temporalités multiples seraient le contrepoint idéal aux images de Terence Malick s’il se mettait à la science-fiction.
Sa participation à notre compilation IRMxTP (en tant que Talvihorros) avec une reprise du thème de Twin Peaks au romantisme à la fois grandiose et déliquescent, ainsi qu’un récent remix délicieusement nébuleux pour le synth-poppeux bristolien CUTS avaient amorcé le virage l’an passé d’un background de textures plus denses et grondantes, après les déjà bien cosmiques mais plus épurés The Sleeper Awakes et Heat & Entropy marqués par l’influence de William Ryan Fritch aux arrangements capiteux. Sur Staccato Signals, ça pulse et ça respire, c’est le cœur même de l’univers qui bat dès l’aurore astrale du vaporeux Silver Pit, et si le lyrisme est constant, culminant sur une intro aux reflux orchestraux terrassants, il sait épouser la dynamique du film imaginaire que Ben Chatwin projette sur les rétines de notre subconscient, à l’image d’un Helix tout en crescendo de tension bourdonnante, zébré de cordes dont la fièvre ne se répand jamais vraiment.
Plus éthéré, Fossils impressionne peut-être encore plus par son impressionnisme et sa puissance mêlées, tandis que Knots ou Hound Point apportent à l’électronica post-industrielle chère à feu Tympanik Audio une dimension organique voire élégiaque qui manquait parfois légèrement à ses bandes-son cosmogoniques. Plus proche de la kosmische musik, Claws n’en est pas moins habité du même souffle baroque, introduisant les cuivres majestueux qui donneront le ton de Bow Shock, petite odyssée nourrie au rétro-futurisme. Quant à Substrates, il semble d’abord se désagréger avant de laisser émerger dans la grâce de ses arrangements une tristesse infinie pour notre monde sur le déclin, celle qui émane également du final Black Castle dont la magnificence se repaît du chaos, piano fataliste, cors spleenétiques et violons entêtants émergeant de la masse rougeoyante de notre propre extinction dans un mouvement de renaissance à la beauté tragique.
Une merveille !
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