Gruff Rhys - Candylion
En attendant le prochain album des Super Furry Animals, Gruff Rhys nous gratifie d’un excellent second album aux multiples influences éclatées.
1. This Is Just The Beginning
2. Candylion
3. The Court Of King Arthur
4. Lonsome Words
5. Cycle Of Violence
6. Painting People Blue
7. Beacon In The Darkness
8. Con Carino
9. Gyrru Gyrru Gyrru
10. Now That The Feeling Is Gone
11. Ffrwydriad Yn Y Ffurfafen
12. Skylon !
Gruff Rhys est le chanteur des Super Furry Animals, un des groupes britanniques actuels les plus sous-estimés de ce côté-ci du Channel, à la discographie impeccable ayant débuté au milieu des années 90 sur Creation, le label référence anglais de l’époque. Après un premier album solo brouillon et relativement inaccessible car entièrement chanté en Gallois, Gruff Rhys nous revient avec un deuxième essai totalement réussi où il a cette fois-ci su parfaitement s’entourer. On retrouve en effet Lisa Jen, chanteuse d’un groupe folk gallois, Sean O’Hagan des High Llamas aux arrangements de cordes et Mario Caldato Jr. à la production, déjà présent sur Love Kraft, dernier album en date des SFA.
Parfait condensé de comptines psyché-pop, Candylion n’est pas sans rappeler le sublime premier album d’un autre Anglais, Jim Noir un autre doux rêveur lui aussi resté bloqué sur les sixties, entre 66 et 68 très précisément. A la folie barrée des Super Furry Animals, Gruff Rhys injecte ici un zeste de folk, une pincée de jazz, des influences sud-américaines pour parvenir finalement à un résultat totalement cohérent.
Le single Candylion qui ouvre le disque avec ses cordes, son xylophone et ses bruitages bizarres est une parfaite invitation à l’évasion, loin de toute morosité. Candylion est tout simplement un de ces petits miracles pop qui fonctionne avec pas grand-chose. Avec The Court of King Arthur, Gruff Rhys nous gratifie d’un hommage à peine voilé aux Kinks de la grande époque mais le Gallois est suffisamment intelligent pour ne pas tomber dans le plagiat inutile. Témoin le morceau suivant, Lonsome Words sommet du disque, ballade (ou plutôt cavalcade) qui n’hésite pas à convoquer Morricone au côté de Nick Drake. Dans sa folie psyché, Gruff Rhys va même jusqu’à tenter des incursions vers le jazz avec Painting People Blue ou Now That The Feeling Is Gone sans oublier de parsemer ses compositions de bidouillages sonores en tous genres comme pour mieux perdre l’auditeur. Car on entre dans l’univers de Gruff Rhys comme dans une échoppe de marchand orientale, sans jamais savoir à l’avance quelles bizarreries on va y retrouver. En milieu de disque, le Gallois place ainsi une mini comptine hypnotique en espagnol avant de carrément faire écho au Tropicalia de Beck, pour un Gyrru Gyrru Gyrru (comprendre « Drive, Drive, Drive ») chanté en gallois.
Le disque se finit sur une jam psychédélique épique de plus de 15 minutes durant laquelle Gruff Rhys met en parallèle une histoire d’amour déçu avec un crash d’avion. Avec sa rythmique piquée à la fin de Revolver, ses percussions, ses flûtes et ses violons virevoltants, Skylon ! achève de convaincre que Gruff Rhys, en vacances de ses Super Furry Animals, vient de réussir là un coup de maître dont la grande force est de garder une cohérence sans faille malgré ses éparpillements dans de multiples directions. A se demander si derrière les pitreries des Super Furry Animals, ne se cacherait pas tout simplement l’un des plus talentueux songwriters anglais des dix dernières années.
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